Ratko Mladic a fait sa première apparition à La Haye hier, ayant déjà été déclaré coupable, de fait et en réalité, par ceux qui vont le juger. John Lauhgland explique pourquoi.
« Dans le verdict contre le général Krstic en 2001, les faits de génocide et du nécessaire mens rea sont tous deux affirmés. Il est considéré comme prouvé que les supérieurs hiérarchiques de Krstic avaient l’intention de commettre un génocide. Krstic était le lieutenant de Mladic. Dans le recours en appel de Krstic en 2004, où il est explicitement fait référence à « l’intention du général Mladic d’exécuter les musulmans bosniaques qui devaient être tranferrés » (paragraphe 87), la réduction de la sentence de Krstic est justifiée par le fait que la cour n’avait pas prouvé qu’il connaissait et partageait l’intention de Mladic. Mais cette intention, et l’actus reus, ne sont jamais discutés. Il est donc littéralement impossible désormais que Mladic ait un procès équitable, puisque le tribunal a déjà jugé en faveur de sa culpabilité. »
Mladic m’a tout l’air d’un type patibulaire, et il pourrait très bien être coupable des abominations de Sarajevo et de Srebrenica. Mais trouver un type patibulaire, et éprouver du dégoût à la mémoire d’atrocités guerrières, ne sont pas la même chose que de déclarer quelqu’un coupable devant la loi. Comme je ne me lasse jamais de le répéter, les méchants, surtout les méchants, ont droit à la justice.
Le TPIY a été créé par, et pour, une caste d’avocats des droits de l’homme qui, de plus en plus, nous gouvernent. Il fonctionne très bien de leur point de vue, en générant une bonne grosse masse de travail joliment rémunéré.
Mais, du point de vue de la justice, il peut être considéré comme inférieur au système légal d’États semi-développés. Que nous ayons pu élever le supranationalisme au dessus de toute notion de justice, de proportionnalité ou de responsabilité démocratique, c’est une chose qui nous en dit long sur l’âge que nous traversons.
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