L'exposition gluante et glucosée des "bons sentiments" me dégoûte. Je doute de leur sincérité. Trop d'esbroufe, de spectacle. On s'attendrit compaisamment sur les bêtes, on s'indigne avec ostentation, on plaint les pauvres bien au chaud... ET ça fait du bien...l'autosatisfaction mielleuse nous envahit...
Il en est ainsi, par exemple, pour la non-violence. Oui, c'est beau. Mais facile. J'ai du mal à croire ceux qui se disent non-violents et qui n'ont pas subi ou côtoyé la violence. Et qui, sous les coups ou par la révolte n'ont pas senti le violence monter en eux. Ceux qui n'ont jamais été violents ou très peu.Ceux qui n'ont jamais senti l'envie de tuer les déchirer, les salir, les souiller. La non-violence n'est pas un sentiment spontané. C'est une lutte, une volonté, une clarté. Et nul ne peut être non-violent s'il n'a pas lutté contre sa propre violence. C'est une haute vertu. Il faut, hélas, avoir vécu pour comprendre intimement la violence, avoir vécu le sordide de la brutalité. Et décider que non, non, on n'en veut pas de la violence. En sachant qu'on en est dégradé, amoché, avili, aveuli, qu'on en soit coupable ou victime.
Et je termine par un "bon mot" à la con, un truc pas très main: La non-violence ce commence par se faire violence à soi-même, par faire violence à sa violence, par devenir soi, en mieux. Haute vertu, en effet. Que ma joie demeure