Pour ma cinquième participation au défi lancé par le Lord, je vous propose une nouvelle vision de l'oeuvre commune de Bruce Sterling et William Gibson, La machine à différences, roman que j'avais chroniqué à l'époque à l'occasion du défi uchronique de Lhisbei. Car en effet, si tous les romans steampunk ne sont pas forcément uchronique (on peut en débattre...), celui-ci relève sans problème des deux genres.
Si l'interprétation uchronique du livre de Sterling et Gibson ne pose aucun
problème, avec son point de divergence très bien défini, et une Histoire alternative aussi réussie que réaliste, qu'en est-il de la lecture steampunk qu'on peut en faire ? Eh bien, je peux vous dire tout de go qu'elle est évidente, surtout si on y appose la grille de lecture que j'ai concoctée tout spécialement pour ce défi.Déjà, l'action se déroule principalement à Londres dans une société victorienne(1) légèrement différente de celle qu'ont connu nos ancêtres, ou pour le moins les ancêtres de nos amis d'outre-Manche. Ensuite, les machines uchroniques(2) sont légions en cette année 1855 : vapomobiles (ancêtre de l'automobile), kinotrope (sorte de cinématographe avant l'heure), et bien sûr la fameuse machine à différence développée par le mathématicien Charles Babbage qui, dans notre réalité, n'a jamais pu en construire une qui fonctionne, limité qu'il était par la technologie de l'époque. Toutes ces machines bien sûr sont mues par la vapeur(3) qui connaît un développement formidable, et l'on rencontre aussi bon nombre d'engrenages(4), de métal riveté(5) et de manomètres(6) bien sûr. Comme le montre la splendide couverture de Manchu (qui a dit comme d'habitude ?), les conducteurs de vapomobiles (il y a même des courses organisées lors du célèbre Derby) doivent se munir de Goggles(7) pour les conduire en toute sécurité.
Dans ce roman, on rencontre quelques savants, mais aucun n'a vraiment sombré dans la folie. Par contre, sur fond de complot entre l'Angleterre victorienne en lutte avec une révolte luddite et la France de l'empereur Napoléon III, le lecteur est embarqué dans une formidable histoire assez rocambolesque.
Bref, un magnifique roman uchronique (vraiment uchronique) et steampunk. N'en déplaise à certains, je ne suis pas sûr que cela soit si courant que ça.
note :
manomètre : 70%
A.C. de Haenne