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Primaires : sondages et libre arbitre

Publié le 03 juin 2011 par Ncadene

Primaires : sondages et libre arbitreDepuis des semaines, nous assistons à une hystérie sondagière sur les primaires organisées en octobre prochain par le Parti socialiste (et, espérons-le, d’autres formations).

La campagne n’a pas commencé, le débat d’idées non plus, tous les candidats ne sont pas déclarés, mais les sondages se succèdent et se nourrissent d’eux-mêmes. Ils nous disent tous les jours qui sera le ou la vainqueur du scrutin dont le panel est pourtant inquantifiable (tous les Français qui le souhaitent pourront venir voter).

Ces enquêtes d’opinion nous affirment qui l’emportera sans interroger les Français quant aux propositions des différents candidats. Les médias n’en parlent pas non plus ou bien peu.

On nous répondra que chaque élection a connu son hystérie sondagière en amont. C’est vrai et d’ailleurs, le plus souvent leurs prévisions se sont avérées fausses. Quand à ceux qui brandissent le précédent de 2006, rappelons que les sondages favorables à Ségolène Royal portaient certes sur la perception (nouveauté, femme, « à côté » du parti, etc.) mais aussi sur le fond (démocratie participative, croissance verte, ordre juste, donnant-donnant, notamment).

En 2011, on assiste à une tentative grossière d’écrire l’histoire. Elle vise à persuader le citoyen de gauche lambda que les primaires se résumeront à un duel, voire à un vote de confirmation. Ce qui fausse évidemment le libre choix des sympathisants.

Il y a des précédents bien sûr. Et, là encore, s’en souvenir permet souvent de rire un bon coup. Par exemple, souvenons-nous que pour le Congrès socialiste de Reims, Ségolène Royal était « complètement finie », qu’elle « n’arriverait à rien ». C’était tellement sûr que certains « grands élus » déclaraient : « Nous suivrons la liste de tête »… sans imaginer une seule seconde que celle-ci puisse être celle de l’ex-candidate à la présidentielle. Si les sondages étaient sérieux, c’est Bertrand Delanoë qui serait aujourd’hui chargé d’organiser les primaires à la tête du PS.

Ce qui est navrant, c’est que loin de se décourager, malgré leurs échecs, certains « apprentis sorciers » de la fabrique de l’opinion continuent de le faire, de manière toujours plus violente et manipulatoire.

Ce qui est plus triste, c’est que certains commentateurs, n’apprenant rien de leurs erreurs, continuent de remplir des chroniques et des articles sur la perception de tel(le) ou tel(le) candidat(e), réussissant la performance de n’en parler qu’en termes de poids sondagier. D’autres le refusent et continuent de réaliser des interviews de fond, mais tout ce qui se fonde sur le vide finit par occuper l’essentiel de l’espace médiatique.

Alors que reste-t-il à l’électeur pour faire son choix ? Pour que celui-ci soit réel et libre, il faut que les Français soient informés des idées de chaque candidat(e), de sa vision de la France, de ses quelques mesures phares, et de sa détermination à changer le cours des choses.

Ce sont des banalité et des évidences, mais elles n’en sont pas moins vraies. La plus importante étant celle dont on essaie de les priver : Non, un sondage ne remplacera pas un vote ; oui, une élection se fait le jour du vote.

Ne nous étonnons pas que les gens désertent les bureaux de vote quand toute la presse persuade les électeurs qu’un panel bidon (il faut le dire) de « 956″ personnes peut les remplacer.

Nicolas Cadène

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