Le monde arabe vit-il vraiment un printemps?

Par Citoyenhmida

Depuis que les  tunisiens et égyptiens se sont soulevés contre les despotes qui les dirigeaient depuis des décennies, les médias occidentaux ont commencé à parler de “printemps arabe”!

Certes, les potentats qui régnaient sans partage sur la Tunisie et l’Egypte ont été délogés et renvoyés dans des conditions pas très glorieuses : ainsi le voulaient les peuples de ces pays! Ce fut un début de printemps en effet!

Un début de printemps, sans plus! Les prémices d’un printemps, tout au plus!

Et rien de plus: en Egypte les galonnés font toujours bonne garde autour des centre du pouvoir comme ils l’ont fait depuis 1952 et en Tunisie, la machine démocratique semble grippée, comme le prouve  la démission de bloggueur SLIM404 de son poste de secrétaire d’état à la jeunesse.

Les médias occidentaux, dans leur ignorance du monde arabe, ont alors parlé de l’effet domino de ce printemps arabe!

Ils imaginaient que les autres dictatures arabes tomberaient  comme des fruits mûrs; sinon pourris et ils présageaient l’éclosion d’un printemps démocratique sur la Libye, sur le Yémen et sur la Syrie!

En fait de printemps, les libyens vivent une guerre civile dévastatrice, alimentée par ces mêmes occidentaux, au nom de grands principes qu’ils ont forgé eux-mêmes à la mesure de leurs propres intérêts.

Le printemps qui devait faire fleurir le qat (pour autant que cette plante hallucinogène chère aux yéménites puisse fleurir) s’est transformé, jour après jour, semai ne après semaine, d’une révolution populaire et un peu folklorique en véritable guerre civile, opposant tribus, factions de l’armée et populations, chacune rangée dans un claa!

La Syrie, abcès géostratégique en plein centre de l’une des régions les plus explosives du monde, est entrain de basculer dans un précipice dont personne ne meut mesurer les abysses.

Dans ces trois pays, chaque jour apporte son lot de morts et de désolation, provoqués ici par des bombardements, là par des affrontements, la-bas par une répression aveugle!

Et on ose continuer à parler de printemps!

Les algériens, échaudés par la guerre civile qui les a saignés durant dix ans, semblent résignés à laisser Abelaziz Boutefliqa finir son mandat, avant d’essayer de repartir sur de   nouvelles bases! Les quelques frémissements printaniers n’ont pas connu de suite, non pas parce qu’ils ont été matés mais par ils se sont tus d’eux-mêmes.

Les pays du Golfe n’ont pas échappé à ce phénomène printanier : la population de  la petite principauté de Bahraein a payé le prix fort de la contestation; Oman a connu aussi une éruption sociale vite réprimée; les saoudiens ont été amadoués par l’ouverture des vannes des subventions publiques que peut se permettre le régime! L’Irak est encore empêtré dans ses propres problèmes dont la solution n’est pas pour demain : seule constante, les attentats!

Peut-on parler dans ces conditions de “printemps” dans ces pays, où après quelques jours d’insurrection, le retour à la case départ a été le seul résultat obtenu?

Peut-on parler de printemps pour le Jordanie et le le Maroc?

Le régime jordanien semble avoir trouvé le moyen de répondre aux revendications de la rue, qui contrairement aux autres pays ne visaient pas la personne du souverain!

Le roi du Maroc a proposé une feuille de route qui devrait, si elle est menée avec discernement  et sérénité, aboutir à l’ouverture du champ politique, à la consolidation de l’état de droit et à la mise à niveau de la gouvernance du pays! Ce projet ambitieux semble satisfaire la majorité des marocains, mais des réticences existent et elles se manifestent de diverses manières!

Les tenants du changement total – tout et maintenant – ne mesurent pas l’énormité de la tâche à accomplir : l’enthousiasme des uns mêlé à la radicalisation des autres et noyé dans le machiavélisme de certains ne donne aucune visibilité à leur action!

Les bénéficiaires de ce moment historique ne sont pas près à céder leurs privilèges!

Si le Maroc arrive à éviter l’affrontement entre ces deux tendances, il connaitra en effet son printemps! Dans le cas contraire, toutes les options sont ouvertes, même les pires et surtout les pires!

Jusqu’à présent, le Maroc a fait figure d’exception dans ce “printemps arabe” qui n’en est pas un! Sachons garder notre génie propre et réglons  nos problèmes à notre manière!

Sachons rester raisonnables : le changement est inévitable car nécessaire mais la violence est évitable  car vaine!