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Florilège de la grande littérature de la Chiraquie
« ça m’en touche une sans bouger l’autre » - Jacques Chirac
« Les médias ils vous lèchent, ils vous hachent, ils vous lâchent… » - Dominique de Villepin
« Je vais le pendre à un croc de boucher » - Nicolas Sarkozy
Je suis allé voir ce film un peu à reculons en me demandant si j’aurai affaire à une caricature qui déforme excessivement la réalité, ou à un film à prétention biographique sans relief. Ayant exclu d’emblée l’hypothèse de l’hommage à la personnalité de l’actuel locataire du Palais de l’Elysée.
« La conquête » est construit autour de quatre personnages clés de cette période : Nicolas Sarkozy, Cécilia Sarkozy, Dominique de Villepin et Jacques Chirac. Avec en rôles secondaires Bernadette Chirac et la fine équipe de campagne du futur Président.
Le portrait de Nicolas Sarkozy le candidat est dressé d’une manière nuancée et complexe, et au bout du compte bien plus proche de mon point de vue de ce qu’est la réalité.
La souffrance véritable que représente la liaison de Cécilia avec Richard Attias et la séparation du couple au moment même de la victoire, est indissociable du rôle stratégique et déterminant qu’a joué Cécilia dans la progression politique de Nicolas Sarkozy vers le sommet de l'Etat.
S’il est vrai que la dimension de l’homme trompé est un élément d’empathie pour le téléspectateur, la manière dont l’animal politique réagit dans cette situation n’en fait que mieux ressortir les traits manipulateurs du personnage à l’égard de sa future ex épouse.
Ainsi le double jeu qu’il mène entre d’une part Cécilia, sur laquelle il fait pression avec la complicité de Rachida Dati, et son équipe qu’il veut préserver, le conduit à s’adresser à ses conseillers au moment où Cécilia revient à ses côtés, en tenant ce langage : « Cécilia m’a demandé vos têtes et vos couilles ; je lui laisse les couilles mais je garde vos têtes… »
Tout au long du film, le candidat force les obstacles que dressent Jacques Chirac pour ralentir sa résistible ascension et Dominique de Villepin déterminé à le tuer politiquement. Les différentes scènes d’entretiens entre eux, deux à deux, séparément ou ensemble, sont des instants de grande comédie du pouvoir.
Nicolas Sarkozy, extraordinairement bien joué entre imitation et fiction par Denis Podalydès, est interprété sous ses différentes facettes.
Son langage est clair, direct et concret. Son caractère s’exprime tel qu’on le connaît ou qu’on le devine : démesurément ambitieux et d’une détermination à toute épreuve, manipulateur, colérique, autoritaire, cynique, grossier…Mais derrière ces aspects sous lesquels transpirent l’anxiété et le dépit amoureux, il y a aussi les talents exceptionnels d’un forcené du travail, d’un tacticien prodigieux, « communicant » talentueux.
Confronté à un De Villepin hautain et méprisant - Sarkozy « le Nain », « le Nabot »-, hypocrite, et conspirateur, le personnage de Nicolas Sarkozy m’a vraiment fait penser à celui d’un chef de clan de la mafia.
A un stratège de la conquête du pouvoir dépourvu de toute conviction humaniste.
Dans toute ses dimensions humaines.
J’ai dit
Plume Solidaire
Le Point - Publié le 12/05/2011 à 10:52 - Modifié le 16/05/2011 à 11:36
Patrick Rotman, le scénariste de "La conquête", commente les scènes clés du film présenté à Cannes le 18 mai.
(…) La conquête, qui retrace les cinq ans qui l'ont mené au sommet du pouvoir (…) En France, filmer sous forme de fiction le destin d'un chef d'État vivant est une première. Encore plus quand ce chef d'État est en exercice.
(…) La dimension mimétique du film, (…) est impressionnante. Sarkozy/Podalydès comme les autres, de Jacques Chirac, campé par un Bernard Le Coq madré à souhait, à Florence Pernel, totalement Cécilia. Paradoxe du comédien, et de l'homme politique. "Ils ont le même rapport à la scène, explique Durringer, on règle les lumières sur eux, on les maquille, on leur écrit leurs textes, ils les répètent, et on les applaudit quand ils le disent bien."
(…) La conquête, dit Rotman, est un film sur le pouvoir, mais aussi sur l'amour et le pouvoir : "Comment une femme qui a consacré vingt ans de sa vie à porter un homme va s'en aller le jour où il est élu." La conquête est un film sur le pouvoir et la comédie de ce pouvoir : "Denis, qui a joué des princes, des rois, est capable à tout moment de faire jaillir une note chaplinesque", dit Durringer, qui a fait appel, pour la musique, à Nicola Piovani, qui créa celle des derniers films de Fellini et de La vie est belle, de Roberto Benigni.
(…) La conquête est ce qu'il appelle un "film mémento". "Je veux rappeler aux spectateurs comment cet homme nous a séduits. D'ailleurs, quand je le revois aujourd'hui enfiler sa veste et retourner dans les usines, puis s'enchaîner une côte à vélo, je me dis : qu'est-ce qu'il fait, là ? Il est en train de recommencer mon film ?"
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Source Le point.fr
"Ce qui est chiant avec cette foutue transparence, c'est qu'il faut à un moment affronter la réalité", déclare le candidat Sarkozy pris à son propre piège. On ajoutera : ce qui est chiant aussi pour Sarkozy, avec cette foutue transparence, c'est qu'il lui faut, première pour un président en exercice, affronter le film. Qui le montre à nu, à vif, dans toute son intimité. La construction simpliste du film - il gagne le pouvoir, mais il perd sa femme, Cécilia, d'où la journée du 6 mai 2007 placée sous le double signe d'une victoire politique et d'une défaite intime - a au moins une justification : Sarkozy ne cesse de zapper du privé au public, et inversement, sans transition, tel un comédien très cool - un Belmondo ? - qui passerait en un clin d'oeil de la réalité au jeu. Les engueulades avec sa femme ont lieu parfois en présence de ses collaborateurs, de ses gardes du corps ou à deux pas d'un public ignorant, dont le sépare seulement une vitre de voiture teintée. On comprend que Sarkozy ait affirmé - faut-il le croire ? - qu'il ne verrait pas le film. Il ne lui serait sans doute pas agréable, par exemple, de revoir la scène où il lutte physiquement avec Cécilia qui a décidé de quitter le foyer conjugal. Jamais le cinéma français ne sera allé aussi loin dans la représentation de la vie privée des politiques. Un cocu magnifique Contrairement à son sujet, un Sarkozy qui ne connaît que deux humeurs - l'abattement, la dépression, ou la survolte méprisante, l'insulte colérique -, La conquête appelle un diagnostic nuancé. On sent bien que leurs auteurs - Patrick Rotman, Xavier Durringer - ont cherché à frapper les esprits par quelques répliques destinées à marquer les esprits : "Vous êtes mort", déclare Sarkozy à Villepin lors d'un déjeuner. "C'est moi qui vais le tuer", réplique le Premier ministre, après que Sarkozy a quitté la pièce. Richard Attias, l'amant de Cécilia, est qualifié de "fils de pute", Chirac n'a qu'un mot à la bouche, "chiant", à propos du petit Nicolas et a du mal à s'échapper de la métaphore génitale, Villepin, qui a droit au "grand con", s'exclame : "Je vais le baiser, et avec du gravier (sic !)", sans compter d'autres noms d'oiseaux qui circulent. Nos politiques parleraient donc comme des petits caïds de cour de récré ? Ce choix a son efficacité, mais aussi ses limites. Comment s'en sort Sarkozy ? Plutôt bien. Son énergie, servie par un comédien au-dessus du lot, Denis Podalydès - à mi-chemin entre l'imitation et l'interprétation -, en fait un véritable protagoniste de cinéma. Il est d'abord l'outsider qui veut déboulonner le vieux Chirac. Il est aussi ce cocu magnifique qui souffre - sa femme, avec Richard Attias, lui fait plus de mal qu'il ne le pensait -, soit deux éléments d'empathie pour le spectateur. En sa défaveur, une vulgarité certaine et l'impression que la politique ("une chose stupide jouée par des gens intelligents", dixit Sarkozy) n'est chez cet animal de pouvoir que simulacre, fabrication, pour arriver à écraser les autres. Prisonnier du pouvoir En comparaison, Villepin, Apollon un peu fade, manque de flamboyance, Chirac est à la limite du vieux croulant, qui jette ses dernières cartes, Claude Guéant est une ombre, Henri Guaino a droit, seul, à une véritable affection. Celle qui s'en sort le mieux est évidemment Cécilia, dame de fer aussi effacée qu'à peine tolérée par le premier cercle jaloux ("elle décide, Nicolas s'exécute") qui choisit sa liberté amoureuse plutôt que la comédie du pouvoir.
(…) Durringer brosse avec justesse le portrait d'un homme seul, prisonnier du pouvoir. Qu'en ont pensé les festivaliers ? Très attendue, la projection n'a été accueillie que par des applaudissements polis. Les collègues étrangers n'ont sans doute pas compris toutes les allusions. Et puis il y a ce terrible effet de réalité nommé DSK, cette "chute en direct" qui coupe l'herbe sous le pied de La conquête. Il y a tellement plus fort dehors. Du reste, la réplique qui a fait vraiment mouche est cette phrase de Sarkozy draguant à mort une journaliste blonde : "Vous savez, les hommes politiques, c'est des bêtes sexuelles." Tout un symbole...