Ecrire des discours, c’est un truc que j’aime bien. Le seul problème, c’est qu’on ne me le demande pas souvent. En fait, jusqu’à il ya deux semaines, ça m’était arrivé une fois, mon popa me demandait de faire le nègre pour un consul ou un ambassadeur, je sais plus. Puis, il y a deux semaines, donc, une amie (que j’aime imaginer toute pleine de détresse à en déborder par les yeux) s’est tournée vers moi pour me dire « hé, tu veux pas me faire un discours pour le mariage de Y et M, j’ai pas d’idée, là. S’il te plait ? ».
N’étant pas homme à laisser une demoiselle (d’honneur, en l’occurrence) pédaler désespérément dans la choucroute qui lui sert de cervelle pour se dépatouiller d’une situation dans laquelle est s’est fourrée toute seule, j’ai pris ma plus belle plume et une grosse demi-heure pour lui pondre ce truc dont j’étais très fier :
Chère Y., cher M.,
Enfin !
Je suis bien soulagée. Ca me faisait bien mal au coeur, depuis le temps que je vous connais, de penser que vous viviez dans le péché.
Car oui, Y., oui, M., profiter ainsi honteusement des avantages de la vie de couple sans permettre aux copains d'en profiter pour se mettre une méchante minasse, c'est péché !
Oui, depuis tout ce temps, vous nous niez la possibilité de trouver le couvercle à notre pot, en refusant la célébration de l'officialisation de vos galipettes devant le maire !
...
Hum. Je crois que ça ne sonnait pas bien.
Enfin, en refusant la célébration de l'officialisation devant le maire de vos galipettes, voulais-je dire.
Qui sait si vous ne m'avez pas privée d'une idylle avec le charmant témoin, là-bas *pointer vers le témoin s'il est célibataire et charmant*, hein ? Ou si vous ne l'avez pas privé d'une
mémorable séance de jambes en l'air avec cette autre demoiselle d'honneur, non moins charmante ?
Le mariage, Y. et M., est, quand on est dans votre situation, un couple solide que ni la cuisine au tofu ni les parties de paint-ball *tu peux sans doute trouver mieux, hein, là, demoiselle
en détresse, tu les connais mieux que moi* n'ont pu séparer, ni même les occasions de débauche innombrables que permettent la vie en école d'ingénieur (ou insère ici la formation de M.), dans
votre situation, disais-je, le mariage est donc une obligation morale vis-à-vis des copains, que vous avez trop longtemps laissé traîner. L'obligation, pas les copains. Quoique.
Et non, ce n'est pas que ma libido qui parle, j'attends depuis un moment le *insérer ici le plat principal du menu*.
Quoi qu'il en soit, le mal a été réparé.
C'est bien. C'est très bien. Le charmant témoin est maintenant maqué, c'est moins bien, c'est votre faute, et je vous en veux.
Mais je passerai outre, pour cette fois, parce que bon, quand même, c'est votre mariage, hein. Puis le Champomy, ça a tendance à me rendre d'humeur magnanime.
Ordoncques, Y. et M., en ce jour de célébration de votre union devant la foule ici présente, je viens vous présenter les condoléances d'usage. Car si ce jour marque pour vous le début
d'une nouvelle vie de marizetfemme, je ne peux m'empêcher de penser qu'il marque également, de manière logique, la fin d'une vie précédente. Une vie qui s'éteint dans le beurre et l'alcool, ainsi
que, avec un peu de chance, dans le stupre, ce qui est sans doute la meilleure fin dont on puisse rêver.
Que votre nouvelle vie soit aussi belle que l'ancienne, et bourrons-nous la gueule !
Ben croyez-le ou non, elle ne l’a pas lu. Donnez-vous du mal pour les gens, tiens, j’te jure.
En même temps, c’est peut-être aussi bien, parce que je me sentais très malin avec le dernier paragraphe sur la fin d’une vie, avant de tilter que les enterrements de vie de jeune fille / garçon, c’était exactement ça, et que ma super blague avait juste quelques siècles de retard.
Ouf. En fin de compte, c'est pas plus mal.