Parmi les meubles de toilette il y en a un que je n'ai pas encore eu l'occasion de présenter dans ce blog : le fauteuil à coiffer. Il se
caractérise par un haut de dossier incurvé afin de faciliter la coiffure notamment pendant la seconde toilette. La maison Damien Libert en propose un à la vente aux enchères dans son catalogue du 8 juin 2011 (cliquer sur la photographie de couverture à la fin de cet article pour le
feuilleter) dont voici la description : « en acajou, très finement sculpté de feuilles d'eau et d'une bordure de godrons, la ceinture à piastres enfilés. Les supports d'accotoirs sont en
colonnettes renflées torsadées, sur une base de feuillages et un rectangle de raccordement cannelé à rubans perlés. Pieds cannelés, raccord de ceinture à rosaces ovales. (Feuillures refaites et
renforts d'angles). Estampille de Jacques TILLIARD, reçu Maître en 1752. Époque Louis XVI. HAUT.: 86 CM. - LARG.: 60 CM. - PROF.: 46 CM. » (description du catalogue) Photographie © Damien
Libert.
Un fauteuil cabriolet à coiffer en forme de coeur datant de vers 1750/60 est conservé au musée des Arts Décoratifs de Paris
(voir ici). Voici son intéressante description provenant de la
base de données iconographiques Joconde : « Fauteuil à coiffer avec dossier et siège en forme de coeur, manchettes sculptées de fleurettes, ceinture mouvementée, pieds cambrés. ;
L'assise et le dossier de ce siège sont garnis d'un matériau exotique, la canne. Il s'agit de l'écorce du rotang, plante qui pousse dans les zones tropicales d'Orient, dépecée en petites bandes
de différentes largeurs. Ces bandes sont passées dans les trous prévus sur le bâti du siège et s'entrecroisent pour former un fin treillis. Les Hollandais découvrirent cette technique en
Indonésie au XVIIe et importèrent ce type de sièges. Après la guerre menée par Louis XIV contre la Hollande, l'usage de la canne va s'imposer chez les menuisiers parisiens. Plus élégante que la
paille ou le jonc réservés aux sièges communs, la canne permettait d'obtenir des garnitures de sièges à la fois solides et légères, à un coût bien moindre que les garnitures de tissus ou de cuir.
Par sa fraîcheur et sa légèreté, ce type de siège était particulièrement adapté aux climats tropicaux tels que celui des Indes orientales. En Europe, il va trouver de nouveaux usages dans le
mobilier de la salle à manger et de la garde-robe (qui préfigure la salle de bain). Résistant à l'eau et aux tâches, son emploi fut particulièrement apprécié pour les sièges de toilette car son
entretien était plus facile que celui des étoffes et des cuirs (seules les manchettes des accotoirs sont garnies de cuir pour des raisons de confort). Le fauteuil de toilette, utilisé
principalement pour la coiffure, est caractérisé par son échancrure ménagée au haut du dossier qui rendait la mise en place des perruques plus aisée. Cette dépression du dossier est très
habilement cachée sous la forme d'un coeur que l'on retrouve aussi sur l'assise. D'une contrainte d'utilisation, le menuisier a su tirer un motif original. (D'après Stuff of Dreams, 2002-2003
) »
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