The Office, trublion de la télévision américaine dérivée d’une grande soeur anglaise à la durée de vie des plus éphémères, aura marqué les esprits par son approche moderne, style semi-documentaire, un ton irrévérencieux et la performance hors norme d’un Steve Carrell qui aura trouvé là de quoi le propulser sur grand écran. C’est donc avec énormément de regrets qu’on voit partir l’enfant prodige dans cette 7e saison. Sans marquer la fin de la série (encore que…), c’est au moins la fin d’une époque sur les écrans US.
Arrivée au moment d’une époque elle-aussi révolue (fin de Friends, Seinfeld…), The Office décidait de tout chambouler. Nous voici placés dans le réel absurde, mais pas tant, d’une entreprise de vente de papier, Dundler Mifflin, Pennsylvanie. A la tête de la branche locale, pour gérer ses fidèles employés, nous voici avec Michael Scott. Le patron du siècle, aussi stupide qu’attachant, commercial borné comme maladroit, en paroles comme en gestes. Bref, un personnage de comédie par excellence, qui n’hésitera pas à créer l’effroi ou le malaise en rajoutant des couches de n’importe quoi sur ses erreurs ou ses maladresses, conservant une attitude par excellence d’une neutralité alarmante. Mais n’est stupide que la stupidité, et finalement le juge sera jugé : Michael Scott s’affirmait comme la colonne vertébrale de la série, luttant avec son second Dwight Schrute, fils prodige de l’américanisme primaire doté d’un psychomaniaque entre l’effrayant et l’inquiétant, et le vendeur de la semaine, Jim, personnage sympathique, timide et amoureux transis. Bref, si l’habitude était maître en la matière, le dernier gagnerait à la fin.
Sauf que dans The Office, l’idiotie au quotidien est presque plus payante. 7 saisons (ou quasi) à accumuler les bévues, nous voici devant un Gaston Lagaffe en moins fainéant, tornade ou empêcheur de travailler en rond, il est vrai peu servi par des employés stéréotypés au possible (sauf Creed). Michael Scott trace donc sa route, survolté comme jamais, pour s’imposer malgré les obstacles (collègues féminies étrangement attirées, revente de l’entreprise, conférences ou réunions diverses…) comme le Meilleur Boss du Monde. Et on l’apprécie, on l’aime ce patron indélicat et crétin, presque autant que réellement honnête et romantique (toujours maladroit, hein). Le savoir partant en fin de saison marque la réelle fin d’une période, celle qui indique que la série a sans doute trop vécue (les deux dernières saisons sont loin d’être parfaites), et nous lance pourtant sur la suite : The Office survivra t-elle au départ de Steve Carrell?
Etrange question, car on a longtemps attendu le dernier épisode de Carrell. Plus que la fin de saison en elle-même, en fait. Et les guests passées par là n’y sont pour pas grand chose. A par le mythique passage d’un Will Ferrel parfaitement à l’aise, bien dans son élément, le reste n’est que clins d’oeils. Jim Carrey par exemple. Tout ça pour dire, au final on laisse partir Michael Scott grandi, un vrai départ de série comme il faut, la larme à l’oeil devant ce héros des temps modernes refusant de voir son monde s’écrouler. La fin de The Office, de toute façon, ce sera pour l’année prochaine. Et quelque part, on se rassure : l’épisode suivant est très bon. Enfin, n’y allons pas trop vite : le dernier de la saison est une catastrophe. Voilà, on rebat les cartes : rendez vous en Septembre.