Il s'agit de ce réalisateur qui a affirmé que le cinéma, mais surtout la télé de Montréal, ne représentait en rien la diversité de la langue qui se trouve dans cette ville. Ces propos exacts étaient:
"la société québécoise est extrêmement tournée sur elle-même et ignore les anglophones et les immigrants".
Il n'avait pas tout à fait raison mais il n'avait surtout pas complètement tort.
Dites d'une femme qu'elle est un peu pute, si elle s'en défend c'est tout ce qu'il y a de plus normal. Si elle vous en parle encore une semaine plus tard c'est que vous l'avez touchée quelque part. Si trois semaines plus tard elle s'en défend toujours c'est qu'il y a un fond de vérité. Si c'est faux, les propos se perderont dans le vent.
Jacob Tierney était, au moment de tenir ses propos, en promotion pour son film The Trotsky. Je reviendrai sur ce petit chef d'oeuvre plus loin. Dans ses propos sur le tapis rouge, il avait aussi dit que la télévision québécoise était pathétique parce qu'il n'y avait que des faces blanches dans tous ses téléromans et que les minorités qui y paraissaient de temps à autre n'étaient que décor. Ou "le noir de service" ou "L'asiatique du dépanneur" ou "L'anglo de circonstances".
Anne-Marie Losique a eu ses entrées grâce à son père.
Jérôme Charlebois fait de la zizik alors que papa et maman ont bien déblayé le terrain.
Raymond Fillion est le fils de Maurice Fillion, Pénélope McQuade: la fille de Winston, Véronique Cloutier: la fille d'un crotté, Anik Jean: la cousine de Jean Leloup, Marina Orsini est la nièce de Jean-Claude Lord.
On pourrait faire le tour de l'union des artistes longtemps comme ça.
Vous croyez que Raphaëlle Germain aurait fait son chemin sans les mains de ses deux parents écrivains?
Marc Dupré a une carrière parce qu'il est dans la famille du pape du Québec.
Mais ce n'est pas tout le temps vrai.
Xavier Dolan doit sa carrière et à son père et à sa mère (qu'il veut pourtant tuer) mais il n'a eu l'aide de personne pour faire son premier film (sinon celle de son père et de sa mère). L'aide est venue lâchement après. Par ses mêmes gens qui l'avait refusé des dizaines de fois et quand il a obtenu un succès quand même.
Jacob Tierney est le fils d'un producteur influent du cinéma canadien, Kevin Tierney. Ça l'a surement aidé à faire passer ses projets. Et c'est tant mieux. Parce que Tierney est tout à fait brillant.
Il y a cet extraordinaire chapître 8 dont un personnage déguisé en Arafat m'a fait pleurer de rire. Quatres chapîtres plus loin, aller au cinéma devient une véritable mission révolutionnaire qui se terminera en coup d'état.
Tierney apparait dans la très comique toute dernière scène dans le rôle d'un russe ayant le même nom original que Lénine.
Son film, tout comme les filles de Montréal qui y participe et (probablement) y habite sont un véritable délice.
Tierney trouve peut-être qu'il n'y a pas assez de couleurs sur nos écrans.
Personnellement je trouve qu'il n'y a pas assez de Tierney.