Et Sam Shepard écrit ça :
"Si les chansons de Dylan ont un impact particulier sur moi, c'est parce qu'elles suggèrent toujours des images, des scènes entières qui se déroulent, en couleurs et en trois dimensions, pendant que je les écoute. C'est un cinéaste instantané, je dirais. Bien sûr, il est probable que chaque auditeur ne verra pas le même film à l'écoute du même air et pourtant, j'aimerais bien savoir si quelqu'un d'autre a devant les yeux le petit jardin public embrumé de pluie, le banc et les deux silhouettes baignées de lumière jaune que conjure toujours pour moi "Simple Twist of Fate". Ou la même plage dans "Sara", ou le même bar dans "Hurricane", ou la même cabane dans "Hollis Brown", ou la même fenêtre dans "It Ain't Me, Babe", ou la même table et le même cendrier dans "Hattie Carroll", ou la même vallée dans "One More Cup of Coffee"... Comment les images deviennent-elles des mots ? Comment les mots se transforment-ils en images ? Et comment arrivent-ils à générer de l'émotion en nous ? C'est, tout simplement, un miracle."
"Tout mythe est un moyen d'expression chargé de puissance, parce qu'il s'adresse aux émotions, non à la raison. Il nous transporte dans une sphère de mystère. Certains mythes ont le pouvoir de changer quelque chose en nous, ne serait-ce que l'espace d'une minute ou deux. Dylan crée du mythe à partir du pays qui nous entoure, de la terre que nous foulons chaque jour et que nous ne voyons pas, jusqu'à ce que quelqu'un nous la montre".
Voilà, tout est dit. Merci Sam Shepard, je n'ai plus rien à rajouter.
Au fait, je pars au bord de la mer...