Le gouvernement veut imposer une baisse du prix du carburant aux distributeurs. Une fois de plus, il veut agir comme si notre écononomie était planifiée. L’expérience nous a pourtant prouvé qu’un encadrement arbitraire des prix entraîne au mieux une baisse de qualité des produits, au pire une pénurie. Une entreprise contrainte à perdre de l’argent sur son marché a tout intérêt à réduire son activité et à se retirer au détriment du consommateur.
Pour baisser arbitrairement le prix de l’essence à la pompe, le gouvernement exige des distributeurs qu’ils s’assoient sur leur marge d’environ 10 centimes par litre. Le gain attendu s’élèvera donc tout au plus à quelques centimes. Cette astuce permet au gouvernement d’éviter d’évoquer le fait que les taxes pèsent environ 57 % du prix à la pompe. Lorsqu’un litre de super sans plomb 95 se vend 1,50 euros, la TIPP et la TVA représentent 85 centimes de la facture. Pour illustrer le poids des taxes à ce niveau de prix, un conducteur moyen qui roule 15.000 km par an et consomme 7 litres aux 100 km, paye environ 900 euros de taxes sur son carburant annuel. Soit davantage que le coût du produit foré, raffiné, livré et distribué.
La Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers est un impôt indirect qui frappe l’essence et autres produits pétroliers proportionnellement à leur volume. Elle rapporte 16 Md€ par an, auxquels il faut ajouter la TVA, 8 Md€ par an, qui s’applique aussi à la TIPP. Une taxe sur une taxe. Au total, les automobilistes se voient prélevés de presque 25 Md€ d’euros par an. Rouler coûte cher, et la raison est essentiellement fiscale. En fait, l’augmentation des prix mondiaux de l’énergie se retrouve démultipliée par notre fiscalité, exception culturelle bien française. Le premier coupable tente donc de détourner l’attention des Français sur d’autres acteurs. Cette recherche de bouc émissaire devient une habitude du pouvoir sarkozyste.
Paradoxalement, les gouvernements successifs ont toujours justifié la fiscalité ultra-confiscatoire de l’essence par le besoin de financement des infrastructures de transport routier et surtout par un argument écologique. Augmenter le coût d’un bien entraine mécaniquement une réduction de sa consommation, et donc de son « empreinte CO2 ». Sans revenir sur ce débat sur l’environnement et les exagérations du GIEC, notre pays fait déjà figure de modèle parmi les pays développés, notamment grâce à l’industrie nucléaire (qui présente d’autres inconvénients). Plus important encore, l’automobile reste pour beaucoup un outil indispensable, que ce soit pour emmener les enfants à l’école ou pour se rendre sur le lieu de travail. Est-il justifié de taxer si lourdement ce moyen de déplacement ? Où est l’égalité devant l’impôt lorsque dans le même temps, le kérosène, le fioul de chauffage et le carburant pour les pêcheurs, les taxis et les chauffeurs routiers (aux lobbys efficaces) sont, eux, peu taxés ? Rappelons que cette déréliction a conduit le Conseil constitutionnel à censurer la taxe carbone. Pourquoi annoncer vouloir réduire ce prix alors que tout a été fait pour le relever jusqu’ici ?
De plus en plus, la voiture, outil de liberté et d’émancipation, est assimilée par nos gouvernants à une nuisance polluante et dangereuse. Cette approche ne convainc guère la « France d’en bas ». Retenons enfin que la France, avec sa consommation de 2 % de la production mondiale, n’a aucun poids sur le marché de l’or noir, pas plus que sur l’émission de CO2. De nombreux pays, en particulier des pays émergents, subventionnent l’essence. Pourquoi ne pas négocier avec eux une baisse de nos droits de douane (réduisant les prix en France) en échange d’une suppression de ces subventions inutiles ? L’effet CO2 serait bien plus important dans un marché plus libre, et la demande de pétrole se réduirait naturellement, permettant une réelle baisse des prix.
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