Avec certains romans, c’est comme ça : le simple fait d’en parler est déjà dénaturation. Si c’est vrai de nombreux ouvrages, ça l’est encore plus – à mon humble avis – des romans sud-américains, dont la densité et l’intensité se prêtent assez peu à l’exercice de la critique, dans la mesure où son caractère nécessairement réducteur y apparaît particulièrement marqué.
Anyway, Tours et détours de la vilaine fille raconte l’histoire d’amour sinueuse et décousue de Ricardo Somorcucio, dit « le bon garçon », et de la vilaine fille, « la niña mala », qui s’étale cinquante ans durant, de leur prime adolescence dans le quartier chic de Miraflores à Lima jusqu’à l’aube de leur vieillesse à Sète.
Si je te suis, tu me fuis… Peut-être qu’il l’aime trop, sûrement qu’elle ne l’aime pas comme il faut. Ce qui est sûr c’est que leur histoire, ancrée successivement dans l’existentialisme parisien des années 60, le swinging London des années 70 ou encore les débauches et raffinements japonais des années 80, interpelle eu égard à son anticonformisme (depuis quand les hommes sont aux pieds des femmes ?), agace à cause de son inconstance (c’est vrai que les femmes peuvent être détestables) et bouleverse de par sa profondeur (il n’y a pas qu’une seule façon d’aimer). Mention (très) spéciale aux nombreux personnages secondaires qui émaillent le récit, sans lesquels le roman ne serait pas aussi haut en couleurs.
Ne dérogeant pas aux deux arches narratives qui soutiennent la plupart des romans sud-américains – amour et politique -, Tours et détours de la vilaine fille me paraît être un excellent ouvrage pour plonger dans cette littérature si riche, et un récit incontournable pour celles et ceux qui se connaissent déjà des affinités avec elle. Et je rappelle à ceux qui ne seraient pas convaincus que Vargas Llosa a été sacré Prix Nobel de littérature en 2010.
Impressions de Marie-Adélaïde :
Je rejoins Mélanie sur la qualité de ce roman, qui nous transporte de décennies en décennies et d’un bout à l’autre de la planète. Cette histoire d’amour épique et déséquilibrée est un bijou littéraire.
Mais ce roman m’a épuisée. J’avais à peine atteint la moitié de l’ouvrage que j’avais déjà suivi – avec intensité – les héros quelques années au Pérou, puis à Paris, puis à Londres, puis au Japon… et à chaque fois avec une nouvelle vie, un nouvel environnement, des nouveaux personnages secondaires. Qu’allait-il bien pouvoir se passer ensuite ? L’Italie, l’Egypte ou la Chine ? Tout était encore possible…
Le résultat, c’est qu’il m’était chaque fois très difficile d’en reprendre la lecture après l’avoir fermé… Leurs voyages incessants m’ont vraiment fatiguée à la longue.