Il a pris mes numéros de carte nationale d'identité et de téléphone, et m'a également demandé de me mettre à leur disposition au mieux chaque lundi parce qu'ils doivent rendre des comptes à leur hiérarchie», affirme Joe La Conscience.
L'artiste musicien, auteur du titre «Libérez Laurent Gbagbo», est accusé d'avoir bénéficié du financement de l'ancien chef d'Etat ivoirien, de celui de Charles Blé Goudé ainsi que de celui du Front populaire ivoirien (Fpi, parti politique auquel appartient Laurent Bagbo) pour la sortie de cet album.
Selon le musicien, le courroux des éléments de la Dgre trouve son fondement dans le fait qu'il défend ouvertement l'ancien président ivoirien dans cet album. Ce qui met en mal la position officielle du Cameroun qui, depuis le début du conflit postélectoral en Côte d'Ivoire, joue la carte de la prudence en évitant de se prononcer officiellement, avance-t-il.
Joe La Conscience déclare n'avoir pas été torturé, mais plutôt intimidé. Ses geôliers lui auraient sans cesse répété que «cette chanson [l'] expose à de grands risques». L'artiste a été interpellé vendredi dernier aux environs de 11h, alors qu'il se rendait au Groupement mobile d'intervention (Gmi) No2 s'enquérir de la situation de son chauffeur qui avait été arrêté quelques minutes plus tôt.
Ce dernier a été interpellé à Bonabéri alors qu'il transportait des Cd du dernier album de Joe La Conscience de Loum pour Douala. A son arrivée au Gmi, le musicien a été interrogé sur les risques qu'il court en mettant sur le marché un tel album, avant d'être conduit à la Dgre le même jour vers 13h.
Là également, les auditions porteront sur les dangers qui peuvent être liés au titre «Libérez Laurent Gbagbo» pendant les cinq jours de sa garde à vue. Son chauffeur a également été libéré.
En mars 2008, Joe De Vinci Kameni, plus connu sous son nom d'artiste, avait séjourné à la prison centrale de Yaoundé après une garde à vue de 4 jours au Secrétariat d'Etat à la Défense (Sed).
L'auteur de «Constitution constipée» avait entamée une longue marche de Loum au palais de l'Unité pour remettre en mains propres, un mémorandum au chef de l'Etat quand il a été arrêté par la police. Avant d'être libéré plus tard.