En publiant il y a quelques mois son Indignez-vous, Stéphane Hessel (photo) n’imaginait certainement pas que ce mini-livre aurait un fort retentissement planétaire et provoquerait chez les jeunes un vertige de conscientisation. Comme quoi il ne faut jamais se laisser abîmer par le pessimisme. Le changement est inhérent à notre humaine condition. Il ressemble à un tison qui est en nous, caché, aux aguets de nos récriminations légitimes. Ce tison a flambé, hier, sur la place Tahrir ; il flambe, aujourd’hui, dans les rues de Madrid. Ceux qui le portent ont entre vingt-cinq, trente ans ; ils sont jeunes ; la plupart sont archi-diplômés mais ne trouvent pas de job. D’où leur indignation. A la différence de celle (illustre) de Mai 1968, cette-jeunesse-qui-proteste, cette-jeunesse-qui-se-soulève, cette-jeunesse-qui-crie, n’est pas, dans le sens plénier du terme, idéologisée, franchement révolutionnaire. Elle n’a pas comme mentor monsieur Karl Marx. Elle est plutôt façonnée par le réalisme de la vie qui jaillit - car ils le disent eux-mêmes : Sans travail, nous ne pouvons nous projeter dans le futur, nous ne pouvons fonder une famille, nous ne pouvons nous offrir la bagnole de nos rêves. Elle interpelle les politiques et les Etats sur son devenir, sur l’acuité de ses angoisses. Hessel pavoise en ce printemps. Mais, lui-même, dans son best-seller, ne donne pas de réponse à cette épineuse interrogation : Quelles stratégies doit-on mettre sur pied pour enrayer le chômage des jeunes ?