Selon l’auteur latin Juvénal « Un rire perpétuel secouait Démocrite ». Le vieux sage riait en toutes circonstances, bonnes ou mauvaises, et passait pour un fou auprès de ses concitoyens. Le rire était pour lui une façon de dénoncer les travers et la folie des hommes. Cette vision d’un Démocrite rieur est celle que nous livre le peintre Antoine Coypel (1661 – 1722).
Fils de peintre il étudie à Rome, où il reçoit les conseils du Bernin et découvre Raphaël, Titien, Véronèse et les Carrache. Favori du régent, il est nommé premier peintre du roi en 1716. Brillant représentant de la peinture monumentale, il travaille au château de Meudon, au Palais-Royal et exécute les fresques de la voûte de la chapelle de Versailles dans lesquelles on décèle l'influence des mises en scène italiennes et le goût des couleurs éclatantes hérité des Flamands.
Coypel nous montre Démocrite comme un vieillard, barbu, puissant rougeaud et édenté. Ce n’est pas l’image d’un philosophe mais un sorte de personnage rubicond qui nous semble sorti tout droit d’une fête Flamande peinte par Rubens. Le côté anachronique de la représentation est accentué par le lourd manteau couleur lie de vie qui semble habiller un personnage de la Renaissance.