L’Allemagne, grande puissance industrielle, vient de décider, lundi 30 mai, une sortie définitive du nucléaire programmée d’ici 2022. La France, quant à elle, via son ministre de l’industrie, vient d’annoncer qu’elle ne ralentira en rien les projets des nouveaux réacteurs nucléaires (Penly et Flamanville).
Deux stratégies énergétiques radicalement opposées. Pour FNE, l’Allemagne fait le pari de l’avenir quand la France est incapable de remettre en question une stratégie vieille d’un demi-siècle.
Courage politique ou aveuglement
D’après le président de la République la fermeture du parc nucléaire coûterait pas moins de 45 milliards d’euros et « ceux qui voudraient qu’on arrête le nucléaire n’ont pas le courage de dire aux Français que dans ce cas, le prix de l’électricité pour les particuliers serait multiplié par 4. »
Pour FNE, le courage politique, serait de dire aujourd’hui aux français que le nucléaire nous coûte bien plus cher que ce qu’on veut bien nous dire, l’ensemble des coûts n’étant pas pris en compte. Il faudra plus de 45 milliards d’euros pour fermer les centrales en fin de vie et mettre les sites en sécurité. La question du stockage des déchets nucléaires en toute sécurité n’est, quant à elle, toujours pas réglée. Elle est évaluée aujourd’hui, pour les seuls déchets déjà produits, à 35 milliards d’euros.
Le courage politique serait de dire aux français que le prix du kWh nucléaire produit par l’EPR, le nouveau réacteur nucléaire tant vanté par AREVA, est 40% plus cher que le coût initialement prévu et sera répercuté à un moment donné sur la facture des consommateurs.
Le courage politique serait de dire aux français que nous ne sommes pas à l’abri d’un accident nucléaire grave : nous avons actuellement 200 fois plus d’accidents graves que ce que les industriels prévoyaient.
Enfin, le courage politique serait de dire aux Français que le nucléaire n’est pas assuré et qu’en cas d’accident grave, ce seront les citoyens qui paieront le prix. Le nucléaire nous coute définitivement beaucoup trop cher au vu des risques encourus et ceci pour moins de 20% de la consommation finale d’énergie.
Une stratégie industrielle qui vacille
Malgré la catastrophe de Fukushima et le retrait du nucléaire de l’Allemagne et de plusieurs grands groupes industriels, l’Etat continue à soutenir une industrie coûteuse et dangereuse. Pour FNE, ce soutien sans faille à l’égard du nucléaire est grandement responsable du retard de la France, en comparaison avec l’Allemagne, en matière d’énergies renouvelables. Durant l’année 2010, le gouvernement a freiné le développement de l’énergie éolienne et de l’énergie photovoltaïque. Pourtant, l’annonce hier du report sine die de l’enquête publique de l’EPR de Penly qui devait démarrer le 1er juin laisse entrevoir une brèche dans le discours de l’Etat et la possibilité d’un changement.
Changeons de stratégie maintenant
C’est donc aujourd’hui qu’il faut mettre en œuvre le changement. Pour Maryse Arditi, responsable du réseau Energie de FNE « La transition énergétique vers une économie capable de fonctionner sur les flux d’énergie, le soleil - qui nous envoie près de 5000 fois la consommation mondiale annuelle- le vent, la chaleur profonde, en réservant les stocks (d’énergie fossiles) à un usage plus noble que de le brûler, est nécessaire et indispensable pour notre sécurité, notre porte-monnaie, notre climat, notre indépendance énergétique. »
Pour Bruno Genty, Président de FNE : « il est vraiment temps de changer notre modèle énergétique, pour le rendre plus durable, plus robuste, moins cher et créateur d’emplois non délocalisables. Il faut aujourd’hui investir dans la sortie du nucléaire pour éviter d’avoir demain à payer une facture économique et humaine exorbitante. »
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