« La fureur de vaincre » de Lo Wei est une référence du film de kung-fu orchestrée par un maître du genre, Monsieur Bruce Lee. En faire un remake tient de la gageure que relève le réalisateur Andrew Wai Keung Lau en conférant à son héros, ressuscité de l’original, une toute autre envergure . Il est plus stylé, plus drôle aussi quand la nuit il devient le vengeur masqué. Ce que l’on découvre bien plus tard, car pour l’heure notre homme se dépêtre dans le bourbier de la première guerre mondiale. Ce qui nous vaut une scène de bravoure, à la chinoise, comme on n’en a jamais vue dans un film sur 14-18. Elle vaut le détour.
De retour au pays, Chen Zen s’acoquine avec le parrain de la mafia locale pour mieux se fondre dans Shangaï occupée par les japonais. Et les combattre la nuit venue, ainsi que tous les profiteurs qui jettent son pays dans le chaos.J’essaie de résumer le plus clairement possible les données du problème car personnellement le début m’a paru très confus, avec un montage alambiqué, et dont l’incohérence s’estompe péniblement au fil du récit.
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Car l’air de ne pas y toucher, Andrew Lau nous mène depuis le générique par le bout du nez et dévoile tranquillement, les dessous des cartes, et le vrai visage des hommes, et des femmes qui aiment, et qui espionnent. Une petite demi-heure de bonheur entre Colombo et Mata-Hari, Zorro et Superman dans ce film qui use plusieurs genres : film de guerre et d’espionnage, film d’actions, sans oublier un clin d’œil aux triades et au romantisme des nuits de Chine, ça touche à tout, mais ça n’aborde réellement aucun sujet.
Le seul personnage qui tient la route : un policier façon Colombo, en plus minable. Mais méfions-nous...
« Lust Caution » de Ang Lee qui navigue dans ses mêmes eaux troubles de l’occupation japonaise est d’une toute envergure.Ici, il n’y en a pas, surtout pour la direction d’acteurs qui entre minauderie et arts martiaux est à l’image du film, très complaisante. Donnie Yen en fait les frais. S’il n’a plus rien à prouver, côté nunchaku, il reconnaît modestement que son « jeu de comédien laisse beaucoup à désirer ». Disons qu’il est plutôt hésitant, et surtout tient difficilement le registre que lui impose ce personnage à double face. Mais faute avouée, est à moitié pardonnée.
LES BONUS
Making of. Ou plutôt un bric à brac dans les coulisses, avec des interviews qui tombent un peu au hasard et des scènes courtes en préparation, sans grand intérêt. Donnie Yen dit s’être beaucoup investi dans son personnage « car à ce jour, je n’ai pas eu de rôle qui laisse au public un souvenir impérissable ».
Le réalisateur précise que l’on peut voir son film avant l’original « ou l’inverse, ça ne change rien ».
Scènes de tournage. Ca pourrait être le making of, mais passons. Plusieurs scènes donc, avec de temps à autre un champ large qui nous permet d’apercevoir le plateau, mais bien souvent les images projetées ont l’apparence du film. Ce qui est intéressant c’est de voir le travail physique de Donnie Yen, qui n’est pas toujours satisfait des adversaires qu’on lui propose.
Les interviews.
Le réalisateur avoue «qu’un film trop innovant peut effrayer le public, il faut aussi répondre à la demande du marché, donner aux spectateurs ce qu’ils ont envie de voir ». La langue de bois, connaît pas !
Donnie Yen «en faisant évoluer le personnage que jouait Bruce Lee,– ni pauvre, ni alphabète- j’ai voulu aussi développer le niveau des combats , innover pour surprendre le public avec de nouveaux mouvements de kung-fu ».
Shu Qi, la mignonne dont il faudrait mieux se méfier, dit le plus grand bien du réalisateur « on voit ses émotions sur son visage, il se fiche de son amour-propre et de celui des autres, il se met en colère quand il en a besoin. Quand on travaille avec lui, c’est une relation directe ».