Comme à Osijek dans le nord de la Croatie, Sarajevo a été le lieu d'affrontements contre l'armée Serbe. Le siège de Sarajevo a été très long et pénible pour les habitants, dont on remarque encore le ressentiment envers la Serbie et les Serbes en général, même si ceux-ci habitent Sarajevo avec les Bosniaques et les Croates aujourd'hui. A Sarajevo, même si le dynamisme et l'optimisme est de mise, on peut encore - 20 ans plus tard - voir les cicatrices de la guerre.
Quelques immeubles portent encore des traces des impacts des tirs Serbes sur la ville.
Ce musée relate "l'affaire" Franz Ferdinand, héritier du trône d'Autriche, dont l'assassinat sur ce coin de rue est vu comme un élément déclencheur de la première guerre mondiale. Adam, un guide Bosniaque, nous expliquait que le serbe qui a tiré sur l'héritier autrichien est encore vu aujourd'hui par certains serbes comme un héros, alors que les autres habitants de Sarajevo (et le musée) le voient comme un assassin. Adam trouvait que les serbes qui admiraient l'assassin était un peu fous.
Dans la plupart des quartiers, les maisons sont rénovées ou reconstruites; on peut difficilement se douter du degré des dommages - aperçus sur des photos dans les expositions et sites historiques - sauf quand on voit des maisons qui ont été abandonnées et/ou jamais reconstruites.
Un cimetière consacré aux victimes du siège de Sarajevo se trouve maintenant à une dizaines de minute du centre-ville, en montant la colline vers l'ancienne forteresse. On peut voir plusieurs minarets typiques de Sarajevo dans la montagne.
Autre exemple d'immeuble portant toujours les traces des tirs serbes, en plein centre-ville près du quartier historique. On voit, au centre, en haut, la tour d'horloge qui marque le centre de l'ancien quartier turc.
Pendant le siège de Sarajevo, la ville était encerclée par l'armée serbe, qui la bombardait sur une base régulière, et dont les snipers tiraient sur les citoyens qui tentaient de se déplacer en ville, pour de l'eau ou des vivres. La seule zone sécurisée par l'ONU était la piste de l'aéroport. Au-delà, du côté des montagnes, c'était la Bosnie encore libre. Les habitants de Sarajevo ont alors entrepris la construction d'un tunnel pour relier la zone libre à la ville, pour y faciliter l'approvisionnement en eau ou en nourriture. Ce tunnel était situé sous la piste de l'aéroport et perpendiculaire à celle-ci. Une portion de ce tunnel - maintenant fermé - est encore accessible au visiteur.
Le tunnel, rudimentaire, faisait 1 mètre par 1,3 m. On devait y circuler penché par en avant. Au fil des mois, on a amélioré le système, en posant des rails de bois pour le passage de charriots, ainsi que des tubes pour approvisionner Sarajevo en électricité et en communications - puisque les serbes avaient détruits les infrastructures de télécommunications de la ville. On devait évidemment circuler à sens unique dans le tunnel, donc il y avait tout un système d'horaires et de réservation de passages, en plus de gardes bosniaques pour en assurer la sécurité.
Adam (notre guide pour la visite des tunnels), n'a pas caché son ressentiment pour la communauté internationale qui a longuement hésité et a laissé la situation aux mains des serbes lors du siège. Sous prétexte de ne pas prendre parti pour un ou l'autre côté, l'ONU a laissé les civils de la Bosnie (qui n'avait pas d'armée) et les habitants de Sarajevo devoir se défendre contre l'armée Serbe, bien équipée.
Szuze pose devant l'entrée de la maison du résident qui avait fait de son sous-sol l'entrée du tunnel, que les serbes tentaient de localiser pour la détruire. On voit encore aujourd'hui les impacts de tirs serbes sur la demeure, devenue un musée.
Ici, d'autres traces de tirs serbes, sur l'ancienne gare ferroviaire de Sarajevo.
Quand on traverse le cimetière en route vers les ruines de la forteresse, on est frappé par le nombre de stèle, certes, mais surtout ému par les dates - dont la majorité sont en 1991-1993; autant de stèles portant la même année fait réaliser à quel point la population a souffert de ce siège. Pire encore, la grande majorité des stèles portent des dates de naissances qui montrent que les victimes étaient pour la plupart plus jeunes que moi. Impossible d'être indifférent dans un tel lieu.
--