Patricia Laranco.

Par Ananda

Pourquoi cette impression que l'instant n'est pas vraiment réel ?

Est-ce à cause de l'interférence du passé et du futur ?

Est-ce parce que sa fluidité nous semble infiniment légère ?

Est-ce parce que, tandis que nous le vivons, notre pensée vagabonde ailleurs ?

Est-ce parce qu'au fond, il nous apparait comme un fil fragile et tout diaphane, tendu entre avant et après, sur lequel nous funambulons ?

L'instant manque sans doute quelque peu de force de gravité.

Je le comparerai volontiers à un ballon gonflé à l'hélium.

Il lévite, il poudroie, il mue, sans pesanteur, presque illusoire.

Inapte à nous retenir en lui, autant que nous le sommes à le retenir.

Nous vivons dans des instants volatils, mobiles, toujours prêts à se dissoudre.

Le Temps meurt sans répit à lui-même pour renaître de ses propres cendres. Et, partant, il ne se passe pas de microseconde sans que nous ne changions de visage. Chaque instant EST, avec sa propre texture, sa propre identité.

Grain de temps dévoré, évacué sans cesse par un  Temps nouveau.

Métamorphose infime et mystérieuse qui sculpte notre propre métamorphose.

Comment pouvons-nous ÊTRE, portés par pareille instabilité ?

Et comment pouvons-nous être, tout en la portant en nous ?