Le propre de l’architecture est d’être tiraillée par deux pôles : l’esthétique et l’ingénierie. Le premier pousse vers les arts décoratifs, par exemple la sculpture, le second vers la fonction. Chaque architecture peut ainsi se positionner quelque part sur un continuum entre l’art et la fonction. La dernière maison du jeudi s’était penchée sur un extrême, la déjà chroniquée dans ce blog d’ailleurs). C’est au Texas, près de la ville de Lubbock, que le sculpteur à construit cette étonnante maison, que l’artiste a mis 23 ans à construire. La maison n’est d’ailleurs pas encore terminée même si elle est déjà fort expressive. Le construction flirte avec différentes tendances, un certain cubisme, un côté Art deco, mais aussi un certain rétro-futurisme, qui peut évoquer un sous-marin à la Jules Verne. Redécouverte de cette maison spectaculaire aux allures de Goetheanum.
Steel House c’est d’abord une vision quasi-métaphysique. D’après l’artiste, l’idée de la maison lui serait venue après avoir fait une grande sculpture en acier. Il a alors pris conscience qu’il était en mesure de construire une véritable sculpture habitable. Il a quelque chose d’organique dans la démarche, voire une démarche mystique qui pourrait appeler des interprétations psychanalytiques (une régression au stade foetal ?).
Steel House c’est ensuite un choix architectural fort et assumé : alors que l’architecture standard est basée sur l’édification de murs porteurs, sur lesquels est ensuite déposé le toit, Robert Bruno opte pour sa part pour une structure en forme de dôme : les murs sont autoporteurs et s’assemblent les uns avec les autres. Autre choix : les murs ne sont pas « construits », c’est-à-dire édifiés par empilement de briques, mais sculptés dans d’énormes plaques d’acier qui sont ensuite soudées. AU total près 110 tonnes d’acier ont été utilisés. Pourtant, au prix de la matière première, la maison de vaut que 25 000 euros. Étonnant non ?
La forme de la maison se développe donc à partir de quatre colonnes, qui sont des véritables troncs d’arbre qui se déploient comme des branches pour créer les cadres des fenêtres. On ne peut pas dire que l’intérieur soit réellement fonctionnel mais comme il y a de l’espace, il y a de quoi aménager des espaces de vie. Mais il est clair qu’on touche ici aux limites d’une habitation vivable. Mais Steel House a le mérite de faire réfléchir sur les limites du slogan « la forme suit la fonction ». Steel House permet d’apporter un contrepoint : la fonction ne fait pas tout.
Le site de la maison Steel House : Robert Bruno