Ouverture du colloque au CESE sur la gouvernance de l'eau (ph JCH)
J'ai reçu plusieurs mails et d'appels téléphoniques suite à la publication du dernier article consacré à l'attribution d'une somme de 20 000 euros par la fondation Véolia aux « Amis du Marité ». Cette aide mérite qu'on s'y arrête et qu'on en analyse toutes les conséquences.Les fondations ou les fonds de dotation ont ceci de remarquable qu'ils bénéficient, dans certaines conditions, de remises d'impôts pouvant aller jusqu'à 66 % des sommes versées. Toutes les multinationales (entreprises, banques, holdings) ont donc créé une fondation leur permettant de pratiquer des « gestes » financiers pas toujours désintéressés.
La fondation Véolia a déjà, par le passé, apporté son aide financière à l'association que préside Hubert Zoutu, maire de Heudebouville, en soutien au village béninois de Bohicon. Hubert Zoutu, maire et délégué de sa commune à la CASE, est, quelque part, obligé d'être moralement compréhensif à l'égard d'une société qui accorde 80 000 euros à son association.
Il en va de même pour Franck Martin, président du conseil d'agglomération Seine-Eure, acharné défenseur de Véolia, société qui, on le sait, s'est vu attribuer l'ensemble des délégations de services publics que sont l'eau, l'assainissement, le ramassage et l'élimination des déchets, les transports scolaires et urbains. Sans oublier la centrale de chauffe attribuée à Dalkia, nom d'une filiale de Véolia. Franck Martin, président du groupement chargé de la construction du nouveau Marité (compte tenu de l'état du bateau, on ne peut parler de restauration) tire toutes les sonnettes pour financer les centaines de milliers d'euros nécessaires à cette construction. Véolia a compris tout l'intérêt qu'il y aurait à apporter sa contribution au Marité sous une forme légale correspondant aux nouveaux besoins du navire.
Mais les responsables de Véolia ne sont pas des philantropes. Ils savent bien qu'en accordant des aides financières à qui que ce soit, ils s'en font des obligés qui entrent dans ce qu'appellent les psychanalystes « un système de dette » et qu'il faudra bien, un jour ou l'autre, renvoyer l'ascenseur. J'ai le souvenir que dans un autre temps, Franck Martin avait menacé le PS de rompre un accord électoral quand il apprit que la Générale des eaux (ancien nom de Véolia) finançait la campagne électorale municipale à une époque où ces dons d'entreprises étaient interdits. Il y a aujourd'hui prescription mais on savait que tôt ou tard, la Générale des eaux saurait se rappeler au souvenir des élus. D'ailleurs Odile Proust s'en trouva fort aise puisqu'elle bénéficia d'un droit d'entrée copieux lui permettant de financer en partie la Médiathèque Boris Vian.
De ces quelques lignes, il ressort que notre combat contre la multinationale est difficile. Nous savons pourtant qu'il existe un nombre sensible d'élus, conscients du système pervers qui régit les rapports entre la CASE et Véolia, mais ils n'osent pas se lancer dans ce qui serait une honorable défense des intérêts des usagers. L'association pour la protection et l'amélioration de l'environnement que je préside, s'est fixé pour objectif de faire prendre conscience aux élus de la CASE et aux citoyens de la nécessité de revenir, en février 2015, en régie publique. Jean-Luc Touly et Anne le Strat (présidente de Eau de Paris) sont venus à Val-de-Reuil et Louviers, expliquer ce choix de bon sens.
Le vendredi 10 juin, à 20 heures, au cinéma les Arcades de Val-de-Reuil, nous projetterons « Water Makes Money » un film qui explique par le menu les agissements des multinationales de l'eau. Cette projection sera suivi d'un débat. Je vous invite vivement à y participer ou à y assister.