Instantané du travail d’écriture ! La gestation d’un lire passe par un énorme travail de réécriture... L’exemple est sensible pour un article plus court comme celui daté du 30.05 sur ce blog que je viens de remanier. On mesurera la différence.
Ça se passait dans les rues de Nantes ce week-end... La rencontre improbable entre une petite géante à l’œil de biche et un colossal Mexicain à la face burinée, sombrero sur le nez, dos vouté. Ils avaient rendez-vous ...
Un grand chien mécanique à la queue frétillante, un grand chien bondissant, tout en ressorts, donne la mesure du bonheur. Conduits par la troupe Royal de Luxe qui leur imprime des mouvements gracieux, la petite Mexicaine et son chien se sont enfin levés et inclinent leur regard en direction du Quai de la Fosse.
Pinocchio nargue le vieux Gepetto et la belle Galatée s’amuse de l’étonnement de Pygmalion... Dans la Cité des Ducs, le duo des marionnettes avance maintenant. Une impression de bonheur immense, de bonheur aérien, léger comme un battement de cils, passe en surplomb de la foule ébahie.
La petite géante est pressée, elle contient mal son émotion et ses ficelles. Elle a fini sa sieste Place de la Petite Hollande, a frotté ses yeux, enfilé ses vêtements comme une grande, s’est empressée de prendre une bonne douche. Son chien sur les talons, la voilà qui danse et la voilà qui progresse le long de la Loire, face aux anciens chantiers de l’Atlantique. L’instant est unique, du côté de Trentemoult sur une longue barge, le grand « Campesino » arrive par le fleuve. Les yeux de la signorina sont émerveillés, elle joue des coudes, tourne la tête à droite, tourne la tête à gauche, les cils battent. Le battement des cils est un fleuve d’émotion.
Ca y est ! L’immense Mexicain est arrivé à bon port, plié en deux dans un container. Il se déplie. L’ombre masque le soleil. Les yeux clignent. Le sombrero bascule. Il se penche vers la petite fille, soudain si vulnérable. Musique ! C’est un film de Sergio Leone qui se joue sur l’écran du ciel. Les mains du Campesino sont aussi burinées que le visage.
Tout à l’heure, la petite géante pourra s’endormir paisiblement Place Saint-Pierre. Le souffle est tranquille, on dirait que la mer est montée jusque là et qu’elle joue à la foule silencieuse cet air cadencé et doux de la marée haute en été.