Sans-logis : lettre ouverte aux élus de Rennes Métropole

Publié le 01 juin 2011 par Unpeudetao

DAL35
19 place de Serbie
35200 Rennes

Rennes, le 27/05/11

Mesdames, Messieurs les élus,

Le lundi 2 mai 2011, la préfecture a procédé à l’expulsion, 280 rue de Fougères, de 150 personnes, dont de très jeunes enfants, en déployant un arsenal de plus de 25 cars et d’une centaine de CRS. Ce faisant, elle déniait à ces personnes l’accès aux droits les plus fondamentaux : droit au logement, inscrit dans la loi, et droit d’accès à leurs propres biens (couvertures et matériel de première nécessité), tout au moins dans les quinze premiers jours qui ont suivi l’expulsion, puisque la Préfecture a fait transférer les biens des personnes dans un garde-meuble.

Cet événement s’inscrit dans l’inacceptable réalité d’une situation qui dure depuis plus de deux ans, à Rennes, imposant la rue à un grand nombre de migrants.
Cette situation est liée, entre autres, à la fermeture en janvier 2008 de 3 plates-formes d’accueil sur 4 en Bretagne, obligeant tous les demandeurs d’asile à venir à Rennes.

Le nombre de places proposées par la Préfecture, gérées par le 115, dispositif d’urgence pour sans-abris, et l’AFTAM, demeure insuffisant. Si certaines personnes ont pu bénéficier d’un hébergement à l’hôtel ou en foyer jusqu’au 31 mai, trop nombreuses sont celles qui attendent toujours leurs places en CADA (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile), trop nombreuses sont celles qui se retrouvent à nouveau à la rue.

Dès le lundi 2 mai, dans la journée, de nombreux militants et associations ont sollicité auprès de la mairie de Rennes une proposition de logements pour les personnes remises à la rue.

Dans l’urgence et en l’absence de propositions immédiates, nous avons dans un premier temps accueilli une soixantaine de personnes, adultes et enfants, dans une ancienne auberge inoccupée, avant de les installer dans un camping à Chevaigné avec l’accord de la mairie. Cependant, au vu des conditions sanitaires précaires, cette solution ne peut être que provisoire. De plus, une commune seule ne peut pourvoir à l’accueil de l’ensemble des demandeurs d’asile. Pour ces raisons, une grande partie des demandeurs d’asile a été d’ores et déjà transférée par nos soins vers un nouveau logement à Thorigné-Fouillard.

Quant au programme Coorus (coordination urgence social), projet élaboré au départ pour le relogement de 60 demandeurs d’asiles évacués du funérarium de la rue Louis Postel, l’effort supplémentaire envisagé ne peut répondre à l’urgence actuelle ni à la nécessité impérative de s’inscrire dans la durée. Avec la rotation prévue, même tous les 15 jours, les personnes concernées ne pourront mener à bien les multiples démarches exigées, mettre leurs enfants à l’école, et tout simplement vivre.

Nous leur devons un accueil digne !

Aujourd’hui nous faisons appel à chacun de vous, élu(e), pour prendre vos responsabilités et agir en proposant dans chaque commune des locaux habitables afin d’apporter le plus rapidement possible une solution à cette situation inhumaine et scandaleuse qui dure depuis trop longtemps. Nous espérons de votre part un élan citoyen, un soutien dans la dénonciation de cette politique, une participation active à la restauration des droits de chacun !

Vous pouvez par exemple, réagir, intervenir auprès du préfet, l’interpeller pour demander l’ouverture de plateformes d’accueil supplémentaires en Bretagne, exiger la réorganisation des services de la préfecture pour réduire le délai d’attente de quatre mois pour l’enregistrement de la demande d’asile et l’ouverture des droits..

Comptant sur vous et sur votre engagement, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos salutations respectueuses et citoyennes

Le DAL35

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 Dal35, Rennes :

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