Ce qui n'est pas écrit disparaît. (Ce qui est écrit disparaît aussi, le plus souvent. Mais d'une manière toute différente.)
Aujourd'hui, je sais qu'il n'attache vraiment de prix qu'à sa liberté."
Un accident de voiture, terrible. Du couple âgé qui avait pris la route ce jour-là ne survit que le père. Il est blessé, il faut s'en occuper, veiller, et en même temps respecter la distance qu'il impose, sa liberté d'homme fier et intelligent.
Une fille, respectueuse et inquiète, raconte ici son père, dans ces multiples moments partagés où la relation est sans cesse à recodifier, à réinventer, quand le corps vieillissant impose à tout être un lâcher-prise intransigeant, être à la fin de sa vie à la charge morale et physique de ses propres enfants...
Voici un récit où étrangement la pudeur naît de l'impudeur des faits relatés... L'entrée dans l'intimité est là, matérielle et corporelle, mais elle est marque de respect, de recherche de sens et de fidélité à la mémoire d'un homme que l'on a aimé et admiré. Geneviève Brisac mêle à son récit de nombreuses références littéraires comme si elle recherchait dans ses textes préférés, fondateurs, un appui sûr contre la déchéance des corps et l'évanouissement des vies.
Un agréable et touchant moment de lecture que je rapproche, dans l'idée et en version masculine, au magnifique Grandir de Sophie Fontanel...
Ma rencontre avec Geneviève Brisac date d'une lecture publique autour de Viginia Woolf - J'ai lu depuis La marche du cavalier et Les filles sont au café (52 ou la seconde vie)... parions que je ne vais pas m'en tenir là !
Ce titre a réconcilié Cathulu avec l'auteure, et moi je lis dans les commentaires qu'il me fallait attendre le bon moment, c'est fait... Un très beau billet sur Enfin livre !