Abe est amoureux d’Asai. Malheureusement pour le lycéen, c’est une otakette pur jus, qui part souvent dans ses délires. Abe ne sait plus comment avouer son amour, surtout quand son meilleur ami et le playboy du lycée, Chiba, ne lui prodigue pas beaucoup de conseils utiles. Malgré tous les obstacles, Abe est décidé à ne pas abandonner.
Un shojo, qui plus est ouvertement tourné vers le yaoi, c’était pas gagné d’avance.
Et pourtant, Otaku Girls se dévore de la première page à la dernière page, même si on est pas fan de yaoi ^^ C’est certes une histoire d’amour mais qui n’a rien à voir avec ce qu’on peut lire habituellement. Et pour cause. Séduire une otakette, plus souvent plongé dans son monde que dans la réalité, est une mission que même Tom Cruise refuserait. Le scénario, si on peut appeler ca comme ca, est bien écrit et suffisamment riche pour que les 7 tomes ne nous lassent pas. Pas certains égards, j’y ai vu un peu de Genshiken, mais à la sauce demoiselle, un peu comme s’il y avait eu un passage derrière le miroir.
Mais ce que j’ai particulièrement apprécié, ce sont les personnages. Si Asai et Matsui assument parfaitement ce qu’elles sont et parviennent à le justifier, il n’en va pas de même pour tous les autres. Je pense là à Momose, une fujoshi refoulée (exactement comme Ogiué), qui critique les otaku, pour se convaincre qu’elle n’en est pas une. Car oui, Otaku Girls c’est avant tout une question de tolérance et d’acceptation. Si Momose est la refoulée de service, Abe est plutôt l’ignorant qui débarque dans un monde inconnu pour de « mauvaises » raisons. Il ne fait pas ce choix pour lui mais par amour, ce qui l’oblige à passer par une phase de dégout et de rejet. Il cherche d’abord à comprendre l’intérêt de ce genre de passions puis se rend compte que quand on aime, il n’y a pas de raisons particulières. On aime, on se sent bien et c’est tout. Il est une sorte de trait d’union entre les différents mondes.
Chiba, le playboy mais néanmoins ami, ne se pose pas autant de questions. On pense d’abord que c’est parce qu’il n’est pas très futé mais on s’aperçoit que c’est faux. Il est attentif, tolérant (sauf quand les filles partent dans des délires extrêmes) et doté d’une sens de l’humour particulier, au grand dam d’Abe, qui aimerait plus de conseils utiles. Chiba est le même premier des deux à comprendre un peu les délires d’Asai et Matsui, peut-être parce qu’il ne tente pas d’y chercher des raisons particulières. Et le fait que le judoka lui ait fait sa déclaration à contribuer à cette compréhension. Certes, il a d’autres raisons mais ce personnage est sympathique et apporte une bonne dose d’humour.
Le message, délivré par les personnages tous plus intéressants les uns que les autres, est clair. Il faut accepter ce que l’on est et ne pas se cacher derrière des masques, un peu comme Asai qui n’a pas peur de clamer haut et fort qu’elle est une otaku et est prête à partager sa passion à quiconque s’y intéresse. Le fait qu’une fille soit l’héroine de ce genre de manga fait mieux passer le message auprès des femmes mais surtout auprès des hommes, qui se sentiront certainement décomplexés face à la personnalité d’Asai. De plus, l’histoire de Momose, en plus de prôner le fait qu’il ne faut pas se cacher de ce que l’on est, mettra aussi du baume au coeur à certains otaku car son histoire… ben non, je ne dira rien, faudra lire le manga pour en savoir plus :p
Bref, Otaku Girls est un très bon manga, shojo peut-être mais nullement mielleux. Et pour les fans de yaoi, y a de très bons moments (non, je ne vise personne ^^). 7 Tomes, ca passe presque trop vite et j’en aurai bien lu un peu plus.