Livres : interview de bertrand meheust

Publié le 10 février 2008 par Jean-Christophe Grelet
SCIENCE-FICTION ET SOUCOUPES VOLANTES Réédition revue et augmentée - Terre de brume - Collection Pulp Science - 2007
SOUCOUPES VOLANTES ET FOLKLORE - MERCURE DE FRANCE - 1985


EN SOUCOUPES VOLANTES - Vers une ethnologie des récits d'enlèvements Sur les cas d'abductions - Réédition - Imago - 1992
RETOUR SUR L' "ANOMALIE" BELGE - Le Livre Bleu - 2000
UN VOYANT PRODIGIEUX - ALEXIS DIDIER - 1826/1886 - Le Seuil - 2003
DEVENEZ SAVANTS : DECOUVREZ LES SORCIERS - LETTRE A GEORGE CHARPAK Dervy - 2004
100 MOTS POUR COMPRENDRE LA VOYANCE - Les Empêcheurs de prenser en rond - 2005
HISTOIRES PARANORMALES DU TITANIC - J'AI LU - 2006
A WORLD IN A GRAIN OF SAND - Mary Rose Barrington - Mac Farland, 2006

BERTRAND MEHEUST, vous êtes l’auteur entre autres de Science-fiction et soucoupes volantes - Une réalité mythico-physique, ( préfacé par Aimé Michel - Mercure de France – 1978) et Soucoupes Volantes et Folklore, (Mercure de France – 1985). Pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui vous prédestinait dans votre parcours personnel ou professionnel à écrire ce type d’ouvrages ?

B.M : A priori, rien de plus qu’un certain nombre de gens qui sont passés par les mêmes expériences que moi. C’est le mystère de l’existence. J’avais sept ans pendant la vague de 1954, et une soucoupe s’est posée près de chez moi, dans l’Yonne, près de Diges. Toute la région ne parlait que de cela, le cas a même fait la une de l’Yonne républicaine. Cela m’a sans doute marqué, mais c’est resté longtemps enfoui dans ma mémoire. Après, je me suis mis à lire de la SF. J’avais déjà englouti une partie de Jules Vernes avant d’entrer en sixième. Il faut vous dire qu’en ce tempslànous n’étions pas parasités comme les enfants d’aujourd’hui, nous n’ avions ni la télé ni internet.En 1970, je suis allé voir les Fouéré et je me suis abonné à Phénomènes spatiaux. En 1971, j’ai rencontré Aimé Michel pour la première fois. Puis j’ai fait des études de philosophie.C’est sans doute l’ensemble de tous ces facteurs qui fait que c’est moi plutôt qu’un autre qui a écrit Science fiction et soucoupes volantes.

Vous connaissiez personnellement Aimé Michel, quel souvenir gardez-vous de lui ?

B.M : C’est l’homme qui, intellectuellement, m’a le plus marqué. C’est d’ailleurs son influence qui m’a conduit à faire des études de philosophie. C’était un géant de la pensée, une sorte de prophète des temps à venir. C’était un philosophe, le seul véritable philosophe que j’aie jamais rencontré. À son contact, on sentait presque physiquement ce que c’était que la pensée, que la méditation. C’était aussi un homme secret et pudique. Mais il pouvait aussi être impitoyable avec ceux qui l’avaient un peu trop cherché, car il avait une plume particulièrement acérée.

Vous êtes l’auteur également de Devenez savants : découvrez les sorciers - lettre à George Charpak, Dervy, 2004 - (Réponse au livre Devenez sorciers, devenez savants de Georges Charpak et Henri Broch). Pourquoi avoir eu l’idée d’écrire un tel livre ?

B.M : Je l’ai écrit parce que j’ai été frappé par le décalage entre l’ineptie de l’ouvrage, et son immense succès médiatique (plus de 350 000 exemplaires vendus). De tous les ouvrages écrits sur cette question depuis un siècle, c’est celui qui s’est le plus vendu, et c’est aussi le plus mauvais. Cela m’a intrigué. J’ai surtout été frappé par la complaisance ou l’inculture des journalistes, qui ne voyaient pas cette ineptie ou faisaient semblant de ne pas la voir. J’ai donc saisi l’occasion pour remettre à plat toute la question, sous la forme d’une lettre ouverte. Mais cela n’a servi à rien, car je n’ai jamais eu la moindre recension, pas même une note en bas de page. La complaisance des médias s’est vérifiée. Personne n’a osé parler de mon livre, et je peux même dire qu’un professeur des Hautes études - un personnage considérable dans le monde intellectuel français – qui s’était fendu d’un article sur mon livre s‘est vu refuser les colonnes d’un grand hebdomadaire parisien.

J’ai découvert sur votre site Internet que vous étiez également un féru d’enquêtes Ufologiques, qu’est ce qui vous passionnez dans cette activité et quel est le cas le plus intriguant auquel vous ayez eu à faire ?

B.M : Oui, j’ai fait des enquêtes à partir de 1971 pour Phénomènes spatiaux. À l’époque, on avait pas mal de cas à se mettre sous la dent, et j’aimais beaucoup cela, rien n’est plus passionnant (mais plus difficile) que de faire des enquêtes sur les ovnis. Le cas le plus fascinant et le plus convaincant que j’aie enquêté est une rencontre rapprochée qui a eu lieu en 1970 dans les monts du Limousin. ( C’est le cas de Jabreilles les Bordes, qui est raconté dans le livre de LDLN, Mystérieuses soucoupes volantes, paru en 1973.)

Quelle fût votre réaction à cette fameuse mise sur Internet d’une partie des « archives officielles » françaises, d’observations sur les OVNI entre 1988 et 2006 ?

B.M : Très négative. Je suis d’accord pour que l’on donne les infos à ceux qui sont motivés et qui en font la demande. Mais les étaler au vu de tous, c’est pour moi une erreur totale. Je suis absolument contre. Les informations sur les ovnis ne sont pas à mettre entre toutes les mains.

En ce qui vous concerne, quelles sont vos conclusions sur le phénomène OVNI ?

B.M : Une grande partie des cas s’explique par la projection sur des stimuli quelconques de stéréotypes issus du bagage culturel de la SF. Mais il y a bien un noyau de cas inexpliqués. Avec des amis, j’ai enquêté sur plusieurs de ces cas. Toute la question est de déterminer la nature des cas non identifiés. S’agit-il de phénomènes naturels encore inexpliqués,auxquels nous prêterions par ignorance un comportement intentionnel ?Ou bien témoignent-ils d’un comportement intentionnel véritable ?C’est là tout l’enjeu, et il est considérable. L’ufologie future devra absolument répondre à cette question.

Après le phénomène OVNI, vous vous intéressez de près à la voyance et la métapsychique, faites-vous partie de ces chercheurs qui pensent que tous ces phénomènes s’imbriquent les uns dans les autres ?

B.M : Dans Science-fiction et soucoupes volantes, en 1978, j’ai soutenu cette hypothèse. Ce qui peut être rapproché, ce sont les cas de poltergeists et les cas d’ovnis. Aujourd’hui, je serai plus prudent. S’il y a des points communs, il y a aussi des différences. Il me semble que dans l’état actuel de nos connaissances, cette question est indécidable. Avançons d’abord dans la connaissance des ovnis et des poltergeists, et nous verrons ensuite.

En revanche, les méthodes d’approches sont très comparables. C’est peut-être là le rapport le plus fort à établir.

Parmi les parutions récentes (en Français et en Anglais), quelles sont celles qui vous paraissent les plus importantes ?

B.M : Je ne suis pas trop l’actualité des ovnis. Il me semble que le livre d’Yves Sillard est important. Je ne sais pastrop ce qu’il vaut,car je ne l’ai pas encoreelu.Mais il n’est pas indifférent que l’ex patron du CNES ait participé à un livre qui prend parti positivement sur la question des ovnis. Il semble que cela indique un changement des mentalités.

Sur la parapsychologie, je recommande à ceux qui lisent l’anglais le livre de Mary Rose Barrington sur le voyant polonais Ossowiecki, le plus grand voyant du 20°siècle.( A World in a grain of sand, Mac Farland, 2006)

En français, je me permettrai de recommander mon livre sur le somnambule Alexis Didier, qui fut sans doute le plus grand voyant du XIX° siècle . (Un voyant prodigieux, au Seuil , 2003 )

Préparez-vous un nouvel ouvrage ?

B.M : Oui, je travaille à un livre pour lequel j’ai obtenu une bourse du Centre National du Livre, et qui devrait s’appeler Enjeux de la divination. Le propos est simple : Si l’on tient pour prouver la réalité de la voyance, quelles sont les conséquences philosophiques ? Je pense pouvoir montrer que c’est une question dévastatrice.

Je profite de l’occasion pour signaler à ceux qui nous liront que je vais publier en avril ou en mai de cette année un essai sur Aimé Michel. Voir le texte ci-après :

Les éditions Aldane (de Genève), auxquelles on doit plusieurs ouvrages sur les ovnis, vont publier deux livres consacrés à Aimé Michel.

On doit le premier au travail patient de Jean Pierre Rospars, chercheur à l’Inra et ex-consultant consultant du GEPAN à l’époque de Claude Poher et d’Alain Esterle. Sous le titre La clarté au fond du labyrinthe, Rospars présente une compilation thématique des articles donnés par Aimé Michel à la revue France catholique pendant une trentaine d’années. Précédé d’une présentation biographique de l’auteur et accompagné d’un appareil de notes, ce volumineux ouvrage dessine une image nouvelle de la pensée d’Aimé Michel. Peu de gens savent qu’entre 1970 et sa mort, ce dernier a écrit dans France catholique plus de 500 rubriques, dont certaines sont des merveilles de concision et de profondeur. Réunies par thèmes, elles dessinent la trajectoire d’un philosophe contemporain, qui ne fut pas reconnu comme tel de son vivant, et dont la pensée reste largement à découvrir. Aimé Michel ne fut pas seulement le prophète des ovnis, mais un visionnaire sans équivalent dans le monde intellectuel contemporain.

Dans le second ouvrage, L'apocalypse molle, Bertrand Méheust publie un essai d’une centaine de pages consacré à Aimé Michel, et intitulé “Le veilleur d’Ar Men”. Il y explore les thèmes de sa pensée, il montre leur articulation et leur cohérence, et aussi leur côté prophétique. Aimé Michel était un veilleur, il se trouvait très en avant de la communauté pensante, les yeux tournés vers l’horizon cosmique. Cet essai est destiné à introduire 250 pages inédites de l’auteur, dont Méheust raconte l’histoire étrange. Il s’agit des fragments d’un livre demandé par Simone Gallimard en 1981, et qui n ’a jamais vu le jour. Le titre de cet ouvrage posthume est tiré d’une des expressions favorites d’Aimé Michel : l’univers est une "apocalypse" dans les deux sens du terme, c’est-à-dire qu’il est une catastrophe continuée, et qu’un projet s’y dévoile. Et cette apocalypse est “molle” en ce sens qu’elle se déroule à une échelle temporelle qui n’est pas la nôtre. Un texte terrible et envoûtant qui complète les chroniques de France catholique et permet une écoute stéréoscopique de la pensé de l’auteur.

Pour se tenir au courant des dates de publication et commander ces ouvrages, s’adresser aux éditions Aldane :

Daniel Benaroya, 18 rue des Vernes.1217 Meyrin, Suisse

info@aldane.com

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COMMUNICATION : CONFERENCE DE BERTRAND MEHEUST LE 8 MARS 2008 - AUDITORIUM DOM VAYSETTE - GAILLAC - 81 - FRANCE A L'INITIATIVE DE DIDIER GOMEZ ET D'UFOMANIA MAGAZINE - Pour toutes demandes de renseignements - Réservations : DIDIER GOMEZ : 06 87 33 46 91 ou UFOMANIA

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Interview faite par Internet.
Pour plus de renseignements : BERTRAND MEHEUST