Lorsque je suis allée choisir mes lunettes, le vendeur qui me conseillait m'a dit, en parlant d'une monture qu'il trouvait charmante : "Elle rapelle les montures que l'on portait à New York à une certaine époque, elle a un coté un peu Woody Allen". Cette monture, je l'ai sur le nez aujourd'hui, l'argument "Woody Allen" avait fait mouche chez la petite cinéphile que je suis ...
Donc, quand l'homme adoré m'a proposé d'aller voir Minuit à Paris, j'ai accepté de bon coeur, sure de passer une bonne soirée.
Pour une fois, l'action ne se déroule pas à New-York mais à Paris. Un jeune couple d'américains passe quelques jours dans la "ville lumière"; ils sont sur le point de se marier. Le jeune homme, Gil, est ravi de ce voyage car il est fasciné par "le" Paris des années 30.
Autant le dire tout de suite, ce film m'a beaucoup plu, sûrement parce que moi aussi, je suis amoureuse du Paris que décrit Hemingway dans Paris est une fête.
Ce film m'a beaucoup plu car il fait référence à une myriade d'artistes ayant vécu à Paris à cette époque : Hemingway, Fitzgerald, Picasso ou encore Dali.
Certe, le film a ce petit coté "l'intello qui parle aux intellos" car il est bourré de références aux oeuvres de cette époque et c'est un peu le jeu du "devinez qui est qui" parmi le casting. Cependant, Woody Allen fait un choix original et sympathique : il fait revivre tout ces personnages et cela a quelque chose de jubilatoire. Vous avez déjà révé d'une discussion entre Hemingway et Fitzgerald ou encore entre Dali et Bunuel : Woody Allen l'a fait !
Ce film m'a beaucoup plu aussi parce qu'il pose de bonnes questions et qu'ils les posent bien. Je me suis totalement identifiée au personnage de Gil, joué par Owen Wilson (très bon et très touchant d'ailleurs). Cet homme a mis de coté son rêve, certainement parce qu'il avait trop peur de s'y confronter. Il voulait devenir écrivain et passe finalement sa vie à rédiger des scénarii sans intérêts. Or, et c'est cela aussi la magie du cinéma, ce personnage vit dans le film ce dont on a certainement tous révé de pouvoir faire : il rencontre les artistes qu'il a placé dans son panthéon, il échange avec eux et retrouve ainsi inspiration et courage. En somme, il se tourne vers ses ainés pour trouver son propre chemin. Je ne sais pas vous, mais moi, si je pouvais discuter littérature avec Oscar Wilde, je ne m'en priverai pas !
Ce film parle aussi du mythe de l'âge d'or, du fameux "c'était mieux avant". Beaucoup de personnes ont une époque fétiche, où ils auraient souhaité vivre et qui est "magnifiée" par l'imagination de celui qui se retrouve coincé dans son 21ème siècle bien terne. Ce n'est pas la première oeuvre à traiter de ce sujet, je vous l'accorde mais ce film a le mérite de ne pas vraiment faire l'apologie de ce genre de réflexions. Je regrette juste, à ce sujet, le discours dont se fend le personnage d'Adriana jouée par Marion Cotillard, un peu trop démonstratif à mon goût.
Enfin, ce film m'a beaucoup plu car il est comme un rêve éveillé ou un joli bijou qui nous divertit, nous émerveille et nous envoûte et c'est aussi cela, le cinéma.
Bémol : A mon humble avis, l'histoire de ce jeune couple est un peu trop caricaturale. Les traits sont forcés, la jeune femme est vraiment détestable et je n'aime pas trop lorsque les personnages sont aussi tranchés. Cependant, ce n'est pas très gênant car on s'éloigne bien vite de cela pour suivre les déambulations nocturnes de Gil, et c'est tant mieux.
Bonus : Mention spéciale à Adrien Brody qui campe un Dali absolument bluffant jusque dans son regard. Dommage qu'on ne le voit pas plus; Quoique, ça aurait sans doute titillé la jalousie de l'homme car Mr Brody, je l'avoue, c'est un de mes "Chouchous".