Les journalistes littéraires s'en donnent à cœur joie en cette fin d'année : classements, mises au point, jugements plus téméraires et loufoques les uns que les autres. L'occasion de se tailler une bonne tranche pour les uns, de crier à l'arnaque pour les autres. Extrait. L'autre jour j'entends un type répondre à la question "quel est à votre avis le livre qui a été surestimé par la critique, cette année?". Le type, à l'invitation de ce fou, réponds, sans rire : "Le Tunnel, de William Gass, n'a pas mérité toutes les éloges que j'ai faites à son propos, je pense que la critique s'est un peu emballée, ce n'est sans doute pas le chef d'œuvre qu'on prétendait". Une remise en cause de l'usage du terme chef d'oeuvre, qu'on donne puis qu'on retire à l'envie? Non non, point du tout, je t'assure. Qu'a fait Gass pour mériter ça? Qu'a-t-il fait pour mériter les éloges de ce... de ce... si Stalker était là, il pourrait sûrement à qualifier avec panache la bassesse de cet individu. Heureusement que personne n'écoute les émissions littéraires. Et encore certains prétendent qu'il en faudrait encore plus sur les antennes! Pitié, on n'a pas mérité ça!
Etonnant, non? Alors, quel est le meilleur livre de l'année, selon ces messieurs-dames? J'avoue que je n'ai pas retenu grand chose. Le livre d'une certaine cendrillon je crois, et le livre d'un certain Antoine B. Les corrupteurs, les littérateurs du dimanche les marketteurs, je ne sais plus, j'entendais mal et le titre était fondu dans le clapotement de l'eau de vaisselle, les tontons flingueurs peut-être, on ne sait jamais avec ces voleurs.
Surtout, petit conseil aux apprentis, qualifier d'inqualifiables les textes mis en avant par tel jury littéraire, ça ne mange pas de pain. De toute façon c'est magouille et compagnie, alors qu'eux les journalistes sont intègres, et se battent pour leur idée de la qualité littéraire, rien d'autre, sans lien personnel ou professionnel avec les auteurs ou les éditeurs, et comme des soldats téméraires, fatalement idéalistes mais déterminés, ils font face aux ennemis implacables que sont l'inculture et le mauvais goût.
J'ai appris d'autres choses sur ce qui ferait le succès commercial de la littérature américaine, mais je te l'épargne, tu le devines peut-être.
En 2008, on aura sans doute encore moins besoin d'eux. Que vont-ils devenir? Où va s'arrêter leur déchéance? Faudrait peut-être se cotiser. Ils nous manqueront, ils sont si drôles.
A la bonne vôtre