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(pas assez) Rapide réponse au sujet de Vincent Descombes

Publié le 18 janvier 2008 par Untel
รงa sera sans doute plus lisible ici.
Bartleby, rassure-toi, je ne vois pas comment un nazi pourrait sans mentir s'approprier l'impératif kantien (que ferait-il des critères suivants qui doivent s'appliquer à la maxime de mon action : universalité (et non valeurs nationales) et respect de la personne humaine? En plus, l'impératif est catégorique, alors que la maxime de l'action d'un nazi est subordonnée à toute sortes de critères "non purs" comme dirait peut-être le vieux. Je crois pouvoir supposer que rares ont été les nazis qui 1) ont lu Kant et 2) ont adhéré à son propos de philosophe de l'Aufklärung.
Enfin bref, le problème que pose Descombes n'est justement pas moral mais politique : ne pas seulement montrer que quelqu'un agit de façon immorale, mais qu'il a tort d'agir comme il le fait en fonction de ses propres fins : "je fais appel à une fin que le sujet pratique se trouve avoir , s'il est bien, comme il le prétend, un acteur politique." Il s'agit d'abord, comme je disais, de montrer que ses fins sont incompatibles avec sa fonction sociale (recteur, médecin, général, etc.), le rôle politique qu'il tient. Descombes cherche à se placer sur le terrain pratique, et non moral. A mon avis il faut le prendre comme une proposition, puisqu'il s'agit avant tout, dans ce texte et un autre de ses livres a rejoint ma pile, de contredire les catastrophistes, pour lesquels il n'y aurait pas d'usage de la raison dans le domaine politique, du moins de raisonnements capables d'apprécier la valeur des fins qu'on se propose.
La subtilité de sa position tient également à ce qu'il ne fait pas siennes les thèses d'autres rationalistes : Habermas et K-O Apel. Pour eux (je n'ai lu ni l'un ni l'autre et ne présente donc leurs thèses que d'après ce qu'en dit Descombes), il est possible d'atteindre à une certaine rationalité en réduisant le risque d'erreur des acteurs par le moyen du dialogue. Je n'ai pas parlé de ça parce que je ne voulais pas faire quelque chose de trop long, et parce que j'ai encore du mal à accorder cet élément avec le reste. Ecoute, j'ai retrouvé le passage où sa position à ce sujet est exprimée avec clarté, effectivement, comme toujours chez Descombes, qui est un écrivain remarquable.
"Au fond, l'association d'être humains en vue de diminuer la part des préjugés et d'augmenter celle de la connaissance des dogmes communs est une société réduite à l'intersubjectivité. Lorsque des philosophes veulent nous donner cette intersubjectivité pour la définition du social, ils indiquent par là que toute leur philosophie politique tient dans l'élimination d'une structure politique des affaires humaines, ce qui veut dire d'une structure permettant de subordonner, dans les affaires communes, un souci à un autre, ou un ordre de fins humaines (et donc, en terme d'institutions, une instance de décision à une autre). Dans une philosophie politique acceptant qu'il y ait une dimension politique des affaires humaines, la question qui se pose est celle de savoir quelle doit être cette subordination, et jusqu'à quel point il dépend de nous de l'établir de façon consciente et délibérée"
Voilà, je cite ça pour que tu puisses mieux positionner Descombes entre les irrationalistes (relativistes) et d'autres rationalistes. Mais quand on commence ce genre de truc, on s'arrête difficilement. J'espère en tout cas que je réponds à la question que tu m'as posée : est-ce que oui ou non il essaie de répondre à la question du soi-disant nazi rationnel.
Par ailleurs, que Descombes passe à la télé c'est plutôt une bonne chose, puisque contrairement à d'autres il ne déshonore pas la philosophie et son idéal de rigueur (si tu me permets de parler un peu pompeusement, mais tu vois sans doute ce que je veux dire). Avec Bouveresse, je ne vois pas qui d'autre, Frédéric Nef, sans doute, dans un tout autre domaine, mais bon, c'est pas le top 50...

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