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La force tranquille

Publié le 01 juin 2011 par Malesherbes

L’avocat Giuliano Pisapia vient de remporter les élections municipales à Milan. Son slogan de campagne était « la forza gentile » que l’on a trop vite fait de traduire par « la force gentille ». On est tenté ainsi de considérer simplement que cette force n’est pas méchante, ce qui est très approximatif.

La simple consultation d’un dictionnaire nous livre de nombreux adjectifs permettant de mieux saisir le sens du mot italien gentile : affable, aimable, avenant, cordial, courtois, délicat, poli, prévenant, respectueux. Ce sens est resté plus proche de l’origine latine commune aux mots français et italien, gens, désignant la race, la famille, qui regroupe ceux qui ont un ancêtre commun. Gentil est à l’origine le terme appliqué à un personnage de bonne race, noble de naissance, qui a qualifié ensuite un individu généreux, aimable. Ce sens a conduit à forger le mot gentilhomme décalqué ensuite en anglais pour donner gentleman.

Le slogan milanais dérive de celui créé en 1981 par Jacques Séguéla pour la campagne présidentielle de François Mitterrand, la force tranquille. Tranquille qualifiait ici une force calme, paisible, loin de toute agitation, de toute brutalité, qui s’imposait d’elle-même, par la seule évidence de sa puissance pacifique.

Giuliano Pisapia considère que la politique peut être faite sans vociférations ni grossièretés, sans visages rouges de colère aux veines jugulaires saillantes, sans arrogance mais de manière courtoise, seulement sur les idées et les valeurs. Lors de sa campagne, il a déclaré : « Je ne crains pas que l’on prenne mon amabilité pour de la faiblesse. Je pense que seuls des idiots ou des gens de mauvaise foi peuvent se méprendre ainsi. Je suis convaincu qu’avec de la fermeté, de la clarté et de l’amabilité, on peut changer la ville ».

Voilà des propos dont nos hommes politiques français, si prompts à dénoncer les amalgames et à brandir des anathèmes, feraient bien de s’inspirer. Quand à certains de nos journalistes, ils devraient se souvenir que, pour écrire, on a souvent besoin de dictionnaires.


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