La conscience n’est-elle, en amont, qu’une seule et même qualité diversement vécue suivant les différentes manières et possibilités d’être au monde ? Tout comme l’arbre qui se vit différemment et de manière dissociée à travers ses nombreux rameaux et bourgeons. Le monde et la conscience ne sont que matière brute à créer, à inventer, à modeler, à mettre en forme, en lieu, en temps, en singularité, en individualité, en personne, en émotions... Le monde est « matière » à être au monde. Si la forme – à travers les différents aspects d’une complexité en perpétuelle mutation - n’est pas la matière ; la conscience n’est pas le « conscient », principe indivisible et insaisissable. Le conscient est comme l’humide ou le chaud, le rugueux ou le piquant. Il est une propriété, une qualité une et indivisible qui, si elle disparaît ici, renaît ailleurs, sous une autre forme, une autre identité, une autre manière d’être au monde et d’être conscient du monde. Si je ne suis plus moi, je puis être Pierre, Paul ou Jacques. Laissant ainsi, avec ce qui reste de moi, ce corps, cette personne, cette mémoire, cette identité qui n’était en somme que forme passagère, épiphénomène, frémissement de surface, scintillement... Matière et conscience sans nom, sans forme et sans origine, tour à tour extraites et replongées dans ce maelström de forces originelles, éternelles et chaotiques après avoir successivement animées autant de formes différentes : des fleurs, des étoiles ou des hommes.
Sébastien Junca.