L'affaire DSK en révélateur de nos différences

Publié le 01 juin 2011 par Bernard Girard
Parce qu'elle passionne des deux cotés de l'Atlantique, l'affaire DSK met, mieux que bien d'autres, en évidence combien les sociétés française et américaine sont différentes.
Dans un billet d'hier, Arthur Goldhammer disait combien les propos d'Alain Finkelkraut et Vincent Peillon sur le plateau de Mots Croisés lui paraissaient extravagantes. Il parle, à propos du premier de sénilité et s'interroge sur le bon sens du second. Comme beaucoup de ce coté-ci de l'Atlantique, j'avais trouvé l'un et l'autre plutôt pertinents et en tout cas, tout à fait raisonnables. C'est la force de sa réaction plus que la différence d'opinion qui me surprend. 
Sur un tout autre plan, la lecture d'une certaine presse populaire montre combien le réflexe raciste qui consiste à attribuer une communauté les défauts d'un de ses membres reste naturel chez beaucoup d'Américains : DSK est coupable de viol (l'est-il d'ailleurs? nul ne le sait, mais peu importe), il est Français, tous les Français sont donc des violeurs en puissance. S'il s'agissait des propos d'un quelconque farfelu sur internet, il ne conviendrait pas d'en tenir compte, mais ce raisonnement est tenu par l'éditorialiste du New-York-Post, un journal tiré à 660 000 exemplaires. Presse de caniveau? Sans doute. Mais avec beaucoup de lecteurs que lire pareilles insanités ne gêne pas plus que cela. Je ne veux pas dire que tous les new-yorkais sont d'indécrottables racistes, ce serait commettre l'erreur que les journalistes du Post commettent eux-mêmes, mais nous n'avons probablement pas la même sensibilité au racisme.
Autre exemple : la saga de la recherche d'un appartement par les Strauss-Kahn. La manière dont les riverains, les voisins leur ont interdit de s'installer là où ils voulaient serait chez nous complètement impossible. Non que tous auraient été heureux de recevoir une personnalité qui attire la foule des photographes, mais jamais, sauf peut-être dans quelque village reculé, aurait-on vu des propriétaires s'opposer avec autant de fermeté et de manière aussi unanime à l'installation à coté de chez eux d'une célébrité sulfureuse. Cela me fait penser à ces rideaux qui se soulèvent légèrement dans les petites villes de province lorsque passe un étranger dans la rue. On parle beaucoup de liberté aux Etats-Unis, on a là un exemple assez éclairant de tout le contraire, du contrôle extrêmement tatillon que la société peut y exercer sur les individus. Disons, pour rester simple, que cette affaire révèle combien nos conceptions de la liberté peuvent être différentes.
PS Dans ce même billet Arthur Goldhammer s'interroge sur le rôle dans la popularité de DSK de ses conseillers en communication. C'est une excellente question que je ne crois avoir vu posée ailleurs. Et si DSK avait été, comme tous ces candidats dont tout le monde veut plusieurs mois avant le choix d'un bulletin, une construction fantasmatique?