première partie
John Law, né en 1671 à Édimbourg, d’un père orfèvre.
Exilé sur le continent, passionné de finance, il élabora des théories assorties de projets de réformes qu’il transmit dès 1707 au prince de Conti, au duc de Savoie, etc.
Enrichi par de fructueuses spéculations en Hollande, il s’installa à Paris, place Louis le Grand (Vendôme) en 1713.
À l’époque, son nom se prononçait « lass » (sans doute de « Lawson » : en écossais « fils de Law »
Law est avenant, blond, les traits fins, l’allure nonchalante. Bien des femmes s’évanouirent dans ses bras…On l’accompagnait même parfois à la chaise percée…en lui baisant les mains : « Pissez, Monsieur, pissez, mais écoutez-nous ! » et l’auteur d’ajouter : si les duchesses agissaient ainsi, que baiseraient les autres femmes ? (oh !)
En 1715, le spectre de la banqueroute de la France hantait le président du conseil des Finances, le duc de Noailles. Les expédients traditionnels s’épuisaient. Il fallait innover, risquer tout.
Le Régent songeait à John Law, écossais de 45 ans, aux ides vastes, ambitieuses, si différentes de tout ce qu’on avait expérimenté jusqu’alors : fabriquer de l’or avec du papier, et ce à foison !
Le principe tait simple : augmenter la quantité de monnaie en circulation pour multiplier les échanges, créer par ce biais de nouveaux besoins, de nouveaux marchés et inciter la production de richesses à croître en proportion.
Pour lancer la roue de la prospérité, il suffisait qu’une banque Royale émit en quantité de la monnaie-papier libellée en écus, dont les particuliers useraient pour acquitter taxes et impôts.
La naissance naissant de l’assurance de pouvoir échanger à tout moment au guichet et chez les comptables publics ces billets contre leur valeur en espèces sonnantes, les particuliers les utiliseraient rapidement comme monnaie de paiement courante.
Au début, Law voila son ambition : une banque privée au capital de 6 millions, répartis en 12000 actions libellées en « écus de banque » de 10 livres. On émettrait en fonction de la demande, et le règlement s’effectuerait pour les ¾ en actuels billets d’Etat, et pour le restant seulement, en espèces.
Le 26 mai 1716, Noailles donna son accord et Law fonda l’établissement dénommé « Banque générale »
Le succès fut fulgurant. Au printemps 1717, la banque avait émis 50 millions de billets, soit près de 10 fois le capital originel.
Le public, ayant vérifié qu’on lui rendait ses bons écus s’il souhaitait se défaire du papier-monnaie, fréquentait assidûment les guichets établis rue Sainte-Avoie (et non avoine, ce qui eut pu mettre la puce à l’oreille de ces bœufs de parisiens !!).
Pourquoi bouder une nouveauté si ingénieuse ? Cet argent là ne trouait pas les poches,on le pouvait utiliser pour régler ses contributions, et on vous le remboursait au taux du jour d’émission.
La confiance régnait. On encensait le magicien.
A SUIVRE...
(Les bâtards du soleil, Eve de Castro, éd: Olivier Orban 1987)