Anne Lauvergeon en est l’une des plus brillantes figures, non seulement en France, mais de par le monde, qu’elle parcourt allègrement pour répandre la bonne parole : le nucléaire, c’est bon pour la santé (et accessoirement pour l’économie…). Le fait qu’elle ait été classée parmi les femmes les plus influentes par le magazine Forbes en est l’une des plus visibles démonstrations.
Que n’a-t-on entendu, de sa bouche pérorant avec assurance sur de nombreux plateaux de télé et de radio auprès desquels elle n’a manifestement pas de problèmes d’accès immédiat, depuis que l’Allemagne a annoncé sa décision de sortir du nucléaire d’ici à 2022 (décision courageuse que j’ai bien entendu saluée comme il se doit).
Pourtant, c’est un fait entendu, indubitable, partagé par toutun chacun en France selon l’avis commun, l ’Allemagne serait donc irresponsable, hypocrite, et la décision d’Angela Merkel ne serait motivée que par des soucis purement électoralistes destinés à s’accaparer les votes écolos qui l’ont mis en difficulté lors des dernières élections outre-Rhin. Nos voisins ne se rendraient pas compte des effets néfastes de leur retrait du nucléaire sur les émissions de co2 dont on apprend magiquement en totale simultanéité avec la décision allemande qu’ils ont connu un record en 2010… Ces salauds d’allemands vont de surcroît polluer l’atmosphère avec leurs usines à charbon et nous acheter en lousdé de l’électricité nucléaire, leurs moyens énergétiques de remplacement ne leur suffisant évidemment pas… Les cons !
Cette opinion est tellement partagée par tous, dans notre beau pays, si fier de son intelligence supérieure, que la vérité s’est répandue ausssitô (en seulement deux jours ?), au point que le doute va jusqu’à s’insinuer dans les esprits les plus critiques, et acquis à la cause environnementale, comme l’ami Juan. Pourtant, accuser de manière péremptoire comme on le fait en France du haut de nos certitudes nos voisins d’irresponsabilité, n est-ce pas un peu… léger, pour le moins ? Ne pourrait-on pas au moins convenir ensemble plus froidement – sous peine de passer pour de bien mauvaise foi – que l’Allemagne a un bilan plus conséquent en matière de réflexion sur le sujet que ce n’est le cas en France, par delà les passions, comme le propose d’ailleurs à juste titre Nicolas, bien que n’étant pas forcément du même avis que moi ?
L’Allemagne n’a-t-elle pas une plus longue tradition de débat démocratique sur le sujet, à travers son parlement, où les députés « Grünen » (verts) sont en nombre plus important que ce n’est le cas chez nous ?
Un excellent best-off des réactions françaises publié par Greenpeace vient mettre à mal la plupart des contre-vérités propagées par les médias (blogs de gauche compris…), et rétablir l’exactitude des faits, comme il se doit. N’hésitez pas à le propager. Mon modeste blog ne risque pas d’y suffire, face à une telle unanimité sur un sujet que si peu de gens maîtrisent… pour le plus grand dam de la démocratie. C’est un constat pourtant connu : à force de laisser tant de places et de décisions aux experts, nos politiques participent d’un phénomène de démocratie confisquée, comme l’expliquent très bien des gens comme Todd…
Il me semblait donc utile de le rappeler, notamment pour des confrères emportés bien davantage par ce qu’ils lisent en général que par ce que leur sens critique, qui s’exerce pourtant si bien par ailleurs, devrait leur commander de chercher en particulier.
Ps. : Nicolas, si tu me lis (sinon, je fais confiance àd ’autres pour te le répéter…), je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout d’accord sur ta position quant au fait de sortir ce thème de la campagne. Je pense au contraire qu’il faut donner du débat à moudre sur ce point à tout un chacun pour qu’il puisse s’approprier le sujet. N’est-ce pas cela, la démocratie ? je me positionnerai quand à moi en mon âme et conscience au moins autant sur ce sujet que sur celuid e l’économie (libérale ou non) et du social pour choisir mon candidat. Cela fait partie pour moi des incontournables.