“Les Noces de Figaro” par Strehler, ressuscitées à l’Opera de Paris

Publié le 01 juin 2011 par Bleatmagazine

S’il y a une mise en scène des Noces qui est restée dans l’histoire, c’est bien celle que fit l’italien Giorgio Strehler (1921-1997). Homme de théâtre et passionné d’Opéra, et tout particulièrement de Mozart, il est considéré comme l’un des plus grands metteurs en scène du XXe siècle. Le 7 Avril 1973 au Palais Garnier est créée pour la première fois cette mise en scène qui obtient un succès incroyable. Reprises de nombreuses fois depuis lors dans le monde entier, elle est cette année de retour à Bastille à l’aide de la réalisation d’Humberto Camerlo (l’un des fidèles du Maestro) et des décors de La Scala de Milan (ceux de Paris ayant été détruits).

La salle est complète pour voir le célèbre Opéra de Mozart. Sous un tonnerre d’applaudissements, le chef d’orchestre Dan Ettinger fait son entrée. L’ouverture commence… Comme le chef n’y est pas, nous non plus, c’est décevant. On sent bien la tension de l’orchestre au bout de la baguette de l’israélien. Une appréhension due peut-être au manque de répétition. La suite n’est pas mieux, malgré un décor sublime et de très beaux costumes, la première scène n’est pas en place, les chanteurs sont mal dirigés. Heureusement, au fur et à mesure de ce premier acte, les chanteurs prennent de l’assurance et le jeu ce met en place. On félicitera particulièrement le Figaro d’Erwin Schrott, plein de jeunesse et de bonté, un comédien en plus d’un chanteur. Le très beau Chérubin d’Isabel Leonard, une jeune et belle mezzo-soprano tout en finesse. Et le Don Basilio de Robbin Leggate, très drôle.

Le deuxième acte est bien plus en place musicalement. On y découvre la Comtesse, interprétée par la soprano allemande Dorothea Röschmann, la perle rare de cette distribution, une voix puissante, riche et tout en souplesse, une chanteuse qu’on aura plaisir à suivre tellement elle nous émeut. La perfection dramaturgique du Finale de ce deuxième acte, où se succèdent les coups de théâtre, accompagnée par la superbe mise en scène du feu Strehler, nous montre bien le génie de Mozart. On y appréciera l’entrée exaltante du jardinier Antonio, interprété d’une très belle manière par le baryton français Christian Tréguier, mais aussi la voix et le jeu de Christopher Maltman, le Comte Almaviva.

Après l’entracte, l’orchestre et son chef ont de nouveau du mal à conduire les chanteurs, et le début du troisième acte n’est pas en place. Quel dommage. Malgré, la sublime interprétation du « Dove Sono » de la Comtesse, les ratés musicaux nous font perdre le fil de la trame.

Enfin le dernier acte, commence trop légèrement, avec une Barbarina (Zoe Nicolaidou) peu convaincante, et le solo décevant de Suzanne (Julia Kleiter), jusqu’alors satisfaisante (on la retrouvera pétillante dans le duo d’Amour avec Figaro). Mais par bonheur le Finale termine l’Opéra d’une manière brillante. Après le pardon de la Comtesse, la « folle journée » prend fin, les couples légitimes se reforment dans une joie partagée avec le public.

Au bout du compte on aura passé une belle soirée (en dépit d’un orchestre faiblard en intensité musicale et sonore), grâce aux décors, aux costumes et à la mise en scène superbe, et surtout grâce à la plupart des chanteurs et à leurs jeux d’acteurs, notamment à celui de Cherubin, de Figaro et  de la Comtesse.

A l’Opéra Bastille jusqu’au 7 juin – www.operadeparis.fr


Dimitri Repérant pour Bleat Magazine