Voilà quelques années que le cinéma hexagonal est entré dans une phase fantastique ou horreur prononcée, livrant quelques copies plus ou moins réussies (Mutants, Frontière(s), La Meute…). Des essais de genre qui démontraient plus ou moins de qualités, et permettaient d’espérer pour la suite. Si Derrière Les Murs se veut plus intriguant que les autres, ça n’est pas encore le casse du siècle. Le cinéma français est encore à l’échauffement.
Le début des années 20. Suzanne, romancière parisienne, décide de venir s’isoler à la campagne pour retrouver le goût d’écrire. On sent le traumatisme, et l’air frais pourrait tout résoudre. A moins que la maison ne soit étrangement habité, que ce sous sol révèle plus qu’il ne doit, et que le village voisin ne devienne hostile.. Ambiance lugubre donc pour la citadine, réfugiée loin de la capitale, qui se retrouve bien seule face à des manifestations fantastiques, voir à ses propres démons? Laetitia Casta, catapultée dans le rôle après un premier désistement, incarne parfaitement la fragilité d’une jeune femme de son époque, confrontée autant aux hommes qui l’entourent (le maire du village, le beau gosse local..) qu’aux signes paranormaux qui font plonger le film en plein thriller. Sur un rythme lancinant, sans trop se presser, le duo de réalisateurs (qui bénéficient de l’exposition du « premier film français en 3D », encore largement injustifiée ici mais bon..) posent calmement scène après scène pour nous montrer la descente aux enfers de leur héroïne.
Clairement inspiré (ou dans la mouvance) du fantastique espagnol de ces dernières années, avec une personnalité féminine forte luttant contre un paranormal domestique (on pense à L’Orphelinat évidemment), ce Derrière Les Murs saura réellement surprendre au détour de quelques scènes efficaces. Le film d’époque joue aussi à plein, permettant de justifier un isolement et une détresse que l’on ne connait plus aujourd’hui. Si malgré tout l’ennui peut venir assez rapidement, la sobriété du récit et des effets permet en réalité de réellement se concentrer sur le personnage incarnée par Casta, un peu iconoclaste mais réellement séduisant. Si on enlève quelques effets de trop (la toute dernière scène), l’atmosphère globale du film devrait réussir aux fans du genre, loin des torrents d’hémoglobines que l’on tente de nous imposer aux travers des dernières bobines du genre (plus horreur qu’ici). Racé, ce fantastique de Derrière les Murs démontre encore une fois de réelles capacités à nous émoustiller, mais là aussi avec de nombreux défauts dans son récit (notamment sur les seconds rôles, un peu inexploités), preuves qu’il y a encore du travail à accomplir.