Magazine Société
Dur d’être en position de défendre l’un des ministres les plus déplaisants du gouvernement, Gérard Longuet.
Mais voici qu’on l’accuse de s’être fait payé son luxueux hôtel en 1996 par le pouvoir de Ben Ali. Ce n’est certes pas très moral mais à cette époque Longuet n’était plus Ministre mais Sénateur… El contrairement à Alliot-Marie, il n’y avait donc pas mélange des genres entre des intérêts familiaux privés et une action au sein du gouvernement représentant la France. L’affaire Longuet n’est donc ni l’affaire Alliot-Marie ni l’affaire Woerth…
Mais elle cache une autre affaire tout aussi grave mais que nos médias ne fouilleront guère, et pour cause ! La collusion entre le pouvoir et le « journalisme ».
Le journalisme a pour péché originel d’être lui-même un pouvoir et de jouer sur deux registres qui sont en réalité antinomiques: D’une part le journaliste, et il se pare de cette déontologie, va à la recherche d’informations qu’il vérifie puis relate. Dont acte. Que l’information puisse être objective est un autre débat.
Mais le journaliste utilise alors cette information, il la transforme pour l’intégrer dans une analyse de l’actualité et l’événement est alors saucissonné, réduit à l’éclairage idéologique que lui donnera tel ou tel chroniqueur : Jean Daniel, Jean-François Kahn ou Christian Barbier, pour ne citer qu’eux, sont-ils journalistes ? Bien sûr que non ! Pas plus en tout cas que Laurent Ruquier ou je ne sais quel autre présentateur de télé… Intellectuels ou amuseurs, ils ne font que broder autour de faits que d'autres ont récoltés.
Mais la confusion est là, l’homme médiatique est entièrement entre les mains du système politique quel qu’il soit. Or dans le cas de Longuet, le plus intéressant c’est qu’il fut pris la main dans le sac (de la Tunisie) en compagnie de… Jean-Marc Sylvestre alors chroniqueur économique sur France Inter avant de devenir Directeur adjoint de la Rédaction de TF1. Aujourd’hui, chaque matin, il délivre sa chronique sur I>Tele.
Journaliste ?
On demande souvent la démission d’un Ministre, jamais celle d’un « journaliste » ; Etrange, n’est-ce pas ! Est-ce moins moral de copiner avec un politique influent de la majorité au point de faire avec lui des croisières sur son voilier et de partager les cadeaux d’un dictateur que d’être le politicien qui accepte le cadeau ?
Le cadeau… Ce mot, les journalistes répugnent à l’utiliser car bien d’entre eux en vivent. Combien de voyages tous frais payés sous les tropiques pour un article complaisant ? Et combien de petits ou gros avantages... Déontologie…
Bien sûr, il existe des journaux plus propres que d’autres mais tant qu’on confondra information et commentaire, qu'on mêlera reportage et publicité, milieu politique et milieu médiatique, il est certain que la suspicion vis-à-vis des média perdurera. Car il ne sert à rien d'accuser les politiques si les journaux qui lancent ou relaient ces accusations se révèlent en réalité complices.
S’il n’y a pas d’affaire Longuet, il y a certainement une affaire Jean-Marc Sylvestre.