Fête des Morts (Piatzszek & Cinna)

Par Mo

Piatzszek - Cinna © Futuropolis - 2011

Serge est flic. Il a roulé sa bosse, il est désabusé, aigri, ni complètement corrompu, ni totalement intègre. La clope au bec, il résout ses enquêtes au feeling… son flair le trompe rarement. Quant à la paperasse et aux procédures, plus il parvient à les éviter et mieux il se porte. A cause de ses méthodes peu orthodoxes, il a été muté il y a peu au Cambodge afin de démanteler des réseaux de pédophiles. Serge ne s’y retrouve pas plus dans cette nouvelle vie que dans l’ancienne. Son boulot lui coûte. Difficile de garder la tête froide quand on est le témoin de la mise aux enchères du dépucelage d’une fillette de 10 ans.

Pourtant, c’est un dur à cuire que rien ne semble pouvoir atteindre mais les choses changent… drôle d’impression de voir qu’une rencontre peut encore l’émouvoir.

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Encore un album Futuropolis ! Encore un coup de cœur !! Et une découverte d’auteurs marquante… je n’ai pas fini de les lire ces deux-là !

Imaginez Harry Bosh dans les décors d’Hugo Pratt !^^

Un univers en noir & blanc aux effluves salines et cette manière de retranscrire les paysages marins ne sont pas sans rappeler les univers d’Hugo Pratt. De plus, le contraste très tranché entre le noir et le blanc et cette manière de disposer les détails des visages m’ont également fait penser à Didier Comès. Mais la ressemblance avec des ambiances graphiques connues s’arrête là.

Olivier Cinna a créé un univers nouveau où se côtoient des idéaux brisés, de l’amertume et quelques moments de bonheur volé. D’une page à l’autre, la prédominance de blanc accentue la moiteur du climat tropical. Les jeux de regards et les nombreux passages muets donnent un rythme au récit et aident le lecteur à matérialiser la tension ambiante. Le trait est épais, précis. Le coup de crayon semble instinctif, il transmet les sentiments avec justesse et, en sus, des sons et des odeurs. Il est parfois timide lorsqu’il s’agit de marquer une émotion vive, un trouble… Cette forme de pudeur est agréable. Cela m’a plu que l’auteur ne mette pas ses personnages à nu gratuitement. Je suis conquise par le travail d’Olivier Cinna sur cet album.

Ces solides fondations visuelles sont complétées Stéphane Piatzszek. Les décors réalistes de son équipier lui donnent tout loisir de déposer son intrigue et de prendre le temps de l’étoffer. Peu à peu, le récit modifie le regard que le lecteur pouvait poser sur Serge, le personnage principal. A mesure qu’on s’enfonce dans le récit, l’impressionnante carrure du héros perd de sa superbe au profit de quelque chose de plus subtil. Il se bat pour ne pas perdre le dernier soupçon d’humanité qui lui reste. Pas besoin de trop gratter pour que sa carapace tombe… le regard d’une enfant, le sourire d’une femme suffisent à l’émouvoir. Un personnage intéressant qui lutte avec ses démons (sans nous les dévoiler) et contrôle tant bien que mal tout ce lot de sales sentiments qui l’animent. La tension monte crescendo dans l’album, l’univers est maîtrisé et contient les ingrédients nécessaires à un bon polar.

Une lecture que je partage avec Mango et les lecteurs des

La bande-annonce de « Fête des Morts »

Un graphisme impeccable pour un polar prenant. Stéphane Piatzszek y traite intelligemment de deux sujet de société délicats (le tourisme sexuel et la pédophilie). Je vous recommande chaudement la lecture de cet album.

L’avis d’Yvan et celui de PaKa.

Extrait :

« Les Khmers Rouges n’ont pas fait que tuer trois millions de personnes. Ils ont créé un peuple de crétins » (Fête des Morts).

Fête des Morts

One Shot

Éditeur : Futuropolis

Scénariste : Stéphane PIATZSZEK

Dessinateur : Olivier CINNA

Dépôt légal : avril 2011

Bulles bulles bulles…

Pour prendre connaissance des 21 premières planches de l’album : c’est ici.

Fête des Morts – Piatzszek – Cinna © Futuropolis – 2011