Bonsoir à tous.
Pour une fois j'ai décidé d'un peu élargir mon spectre habituel et de varier le contenu de mes billets. Eh oui, aujourd'hui je vous propose ma critique personnelle du film "The Tree of Life" de Terrence Malick, vu la semaine dernière (le film, pas Terrence Malick). Accessoirement, cet article a aussi été publié dans notre journal, dans l'édition d'hier matin, mais ça y faut pas le dire...
Palme d’Or au dernier Festival de Cannes, réalisé par l’illustre Terrence Malick, et doté d’une distribution assez prometteuse (Brad Pitt et Sean Penn en tête d’affiche), « The Tree Of Life » constituait, ces derniers jours, le passage obligé de tout cinéphile qui se respecte.
L’histoire est classique, celle d’un homme –Sean Penn – se remémorant son passé, en particulier son enfance, entre un père sévère et autoritaire, parfois violent (Brad Pitt), et une mère aimante mais impuissante, avec en filigrane, tout au long du film, l’éternelle quête du sens et l’omniprésence de la spiritualité.
Incontestablement, il s’agit là d’un film très fouillé, très pensé, très cérébral : les métaphores, les symbolismes, les références bibliques sont partout (à commencer par le titre). Chaque détail, chaque plan a un sens qu’il appartient au spectateur de déchiffrer… ou du moins, c’est ce qu’on espère. Car en voyant l’objet, rien n’est moins évident. Après une entrée en matière relativement classique, Malick nous emmène sur des terrains pour le moins expérimentaux : des images variées, abstraites, souvent magnifiques, mais en apparence totalement hors sujet (des nuages, des planètes, des fonds marins, des volcans… et même des dinosaures !)…Tantôt le sens des métaphores est clair, voire même un peu poussif (un enfant nageant pour sortir d’une chambre remplie d’eau pour symboliser la naissance, très subtil…), tantôt c’est le grand n’importe quoi, et on lutte difficilement contre l’ennui face à ce défilé de belles images vides de sens sur fond de musique grandiloquente, en se demandant si l’on est en face d’un nouveau « 2001, l’Odyssée de l’Espace » ou devant une publicité pour GDF Suez.
Inutile de dire qu’une bonne partie des spectateurs avait déjà quitté la salle avant la fin de la première demi-heure.
Sean Penn ne sait plus trop où il en est. Nous non plus.
Ajoutons à cela une voix off ressurgissant régulièrement comme un fil rouge pour susurrer de pompeuses apostrophes au bon Dieu, un Sean Penn honteusement sous-exploité (à peine une phrase marmonnée dans les premières minutes, avant de totalement disparaître jusqu’à la scène finale – mais cela semble suffisant pour le mentionner sur l’affiche) au profit de Brad Pitt (aussi coproducteur du film, tiens donc…) et un dénouement à la limite du grotesque et l’on obtient un film qui nous fait presque nous demander s’il s’agit là d’une totale escroquerie, ou si l’on est simplement pas assez intelligent pour saisir le sens profond d’une œuvre que seul son réalisateur semble pouvoir vraiment comprendre (et encore…).
Chacun retirera ce qu’il voudra de ce film qui divise aussi bien la critique que les spectateurs. Pour ma part, j’en garderai de splendides fonds d’écrans d’ordinateur et un puissant somnifère...