Réaliser un film politique basé sur des faits réels, et dont les protagonistes sont, qui plus est, toujours en activité, voilà une tâche pour le moins ardue. Oliver Stone s’y était déjà essayé en 2008 avec son « W », avec un succès mitigé. Cette année, c’est au tour de Xavier Derringer, avec « La Conquête », de nous livrer sa version du récit de l’ascension de Nicolas Sarkozy vers la présidence de la République.
Là où on aurait pu s’attendre à un virulent pamphlet anti-sarkozyste, on trouve finalement une comédie assez neutre et nuancée, sans véritable « gentil » ou « méchant », juste un récit de conflits de pouvoirs à couteaux tirés à travers le périple d’un politicien pas comme les autres…
ATTENTION SPOILER : à la fin du film, il est élu président.
La principale attraction du film, c’est bien sûr l’interprétation de Denis Podalydès (sociétaire de la Comédie Française). Et force est de constater que le travail est remarquable : gestes, mimiques, intonations : Podalydès n’imite pas Sarkozy, il EST Sarkozy. Le reste de la distribution mérite aussi d’être saluée, malgré quelques maladresses qui tirent parfois vers la caricature- notamment un Chirac qui s’exprime dans la vie privée de la même manière que lors de ses discours, même devant sa télé, en chaussettes, une bouteille de Corona à la main… Les Guignols ne sont pas bien loin.
Le film ne nous apprends pas grand-chose que nous ne savions déjà – un candidat qui privilégie l’image médiatique à la véritable action politique, un couple à la limite de la rupture jusqu’au jour des élections… Reste une comédie sympathique, avec son lot de répliques bien senties (peut-être même trop pour être crédibles), certainement pas un grand film mais qui mérite malgré tout d’être vu.