On en est arrivé au point où pas mal de gens en Turquie se posent la question à l'envers : est-ce que la Turquie doit continuer à demander à adhérer à l'union européenne ? Et si ces gens se posent cette question, c'est que de plus de plus de personnes sont contre. Et après tout, c'est bien normal : avec tout ce que Sarko et consorts racontent sur la Turquie, comment voulez vous qu'ils réagissent ? Lorsqu'on vous dit que vous n'êtes qu'un pays sous-développé, et pas seulement économiquement, comment voulez vous que les gens réagissent ? "Ah ils ne veulent pas de nous ? Et bien qu'ils aillent se faire f... !".Voila le résultat de la politique de Sarközy de Nagy-Bocsa (c'est son vrai nom). Quel gâchis !
Car l'adhésion de la Turquie à l'UE, en réalité, serait une vraie chance pour l'Europe toute entière. Il y a là bas un potentiel de développement fabuleux, pas seulement pour la Turquie, mais pour toute l'Europe. Les gens qui disent "ce serait la porte ouverte à l'immigration massive des turcs" n'ont rien compris : c'est plutôt le contraire qui se passerait. Croyez vous que les immigrés sont heureux de quitter leur pays d'origine ? Croyez-vous qu'ils le font pour le plaisir ? Non. Et si nous donnons sa chance à la Turquie, la chance d'avoir enfin le développement économique qu'elle mérite, une bonne partie des émigrés turcs reviendront chez eux pour participer à ce développement.
Ah oui, m'objecterons les connards bien-pensants qui votent pour Le-pen et Sarko : "mais ce sont les entreprises françaises qui délocaliseront leur production la bas, et les ouvriers français pourront tous pointer au chômage !" Ceux qui pensent ça n'ont rien compris. Croyez vous que les grandes et moyennes entreprises aient attendu pour délocaliser ? La mondialisation ça existe déjà ! Seulement c'est la chine qui en profite. C'est la Chine qui vole nos emplois, pas la Turquie, et ceci tout simplement parce que la monnaie chinoise est artificiellement maintenue dans le coma, hyper sous-évaluée par les chinois eux-même, ce qui booste évidemment leurs exportations. Mais si la Turquie adhérait dans l'union, il y aurait possibilité de faire fabriquer tout ces trucs à bas prix, non en chine, mais en Turquie, c'est à dire en Europe, chez nous ! Et donc l'adhésion de la Turquie, au lieu de coûter des milliards aux autres pays européens, leur rapporterait en réalité une bonne part de ce qu'actuellement on délocalise en Chine !
Oh Oh, dirons encore certains crétins probablement lepénistes et sarkozistes, mais la Turquie, ça n'est pas en Europe ! Il suffit de regarder une carte... Ils oublient ce qu'est l'Europe. L'Europe géographique, ça va de l'atlantique à l'Oural, et Moscou est en Europe. Tout comme Saint-Petersbourg. Tout comme Istanbul, une ville qui, rappelons-le, fut la capitale de la Chrétienté pendant cinq cent ans, après la chute de l'empire Romain. Et rappelons que Soliman fut l'allié de François 1er contre les Habsbourg. Ok, c'est de l'histoire ancienne mais il faut remettre les pendules à l'heure. La Turquie est un pays, le seul pays du monde, qui se trouve à cheval sur deux continents, l'Europe et l'Asie. Cette situation géographique, c'est une chance pour l'Europe !Alors oui, la Turquie est un pays à majorité musulmane, mais ce n'est pas un pays musulman. C'est un pays laïque, comme la France : c'est le seul pays à majorité musulmane qui soit doté d'institutions laïques. En ce sens, c'est un pays-laboratoire, une expérience grandeur nature qui montre qu'une démocratie réelle peut exister dans un pays dont la population est à majorité musulmane. Et on voudrait gâcher ça ? C'est de la folie. Enfin rappelons-nous que la Turquie est membre de l'OTAN depuis 1951... Comment peut-on espérer vaincre le terrorisme islamique si l'on a n'a pas un allié dans le monde musulman ? Loin d'être un "cheval de troie des arabes dans l'occident", la Turquie pourrait au contraire être un cheval de troie de l'occident. (Et rappelons que les turcs ne sont pas des arabes, et qu'ils boivent du vin)
Depuis sa demande d'adhésion officielle en 1987, la Turquie a fait pas mal de chemin, et rempli toutes les conditions imposées par l'UE : normalisation des relations avec la Grèce et Chypre, respect des minorités, grosses améliorations au niveau des droits de l"homme, suppression de a peine de mort, etc. Résultat, l'UE a officiellement reconnu à la Turquie une "vocation rejoindre l'union", en 1999 à Helsinki. L'adhésion comporte une foule d'obligations pour la Turquie en matière de prestations de service, droit des sociétés, services et contrôles financiers, liberté d'information, médias, justice, politique d'entreprise et industrielle, politique économique et monétaire, protection des consommateurs, santé, réseaux transeuropéens, droits de propriété intellectuelle, fiscalité, environnement, sécurité alimentaire... En fait désormais presque tous les critères d'adhésion sont remplis, mais Sarkozy a refusé l'ouverture des négociations sur la politique économique et monétaire, bloquant donc le processus. Quelle connerie !
Le problème, c'est que certains pays de l'UE font barrage : l'Autriche a déclaré qu'elle tiendrait un référendum sur cette question, les chrétiens-démocrates allemands sont mitigés, sans parler de Sarko. Or l'adhésion doit faire l'unanimité, c'est la règle.
A mon avis, le vrai problème, c'est l'information des citoyens de l'UE. Ils ne connaissent pas la Turquie. Ils en sont resté à Midnight Express (1978), un film dont les clichés outranciers ont fait un tort considérable à ce pays. Or moi je suis allé plusieurs fois là bas, et je peux vous dire que c'est un pays charmant et accueillant, certainement aussi "européen" (voire plus) que nombre de pays récemment entrés dans l'UE, et doté d'un riche passé, d'une culture, d'un patrimoine, qui n'ont rien à envier à la Grèce, avec des gens ouverts et sympathiques. Alors mon conseil : Allez en Turquie, et voyez par vous même. (Évitez les clubs en bords de mer où vous ne verrez que des européens). Vous ne serez pas déçus. Et vive la Turquie Européenne !