Djenné = en bozo* « génie des eaux ».
Retour sur la ville de Djenné (février 2011)
La région de Djenné est parcourue par les eaux du fleuve Bani, un affluant du Grand Fleuve Niger. Sur la route, les paysages sont verts. Pour arriver à Djénné, on doit prendre une pirogue, puis traverser encore un petit pont. Attention, même pour faire traverser une moto, vous ne devez pas payer plus de 500 FCFA.
D’après la légende, quand les premiers habitants décidèrent de s’installer sur l’île, au IXème siècle, les maisons de banco** s’écroulaient. Les habitants sont allés voir les Bozos dont les sorciers sont réputés pour être les meilleurs. Les sorciers bozos consultèrent les fétiches et les fétiches répondirent dans la langue que seuls parlent les sorciers bozos qu’il fallait nourrir la terre de Djenné et le fleuve Bani, qu’il fallait donner au génie un sacrifice, qu’il fallait un premier cadavre. Ce fut celui d’une jeune fille vierge, enfant unique de ses parents, du village de Djera.
La légende rejoint la réalité. Le tombeau où elle fut emmurée vivante est toujours là. La jeune fille a perdu son nom et on l’appelle depuis « Ten Pama Djennepo », ce qui veut dire « grande soeur Pama, premier cadavre de la ville de Djenné ».
Djenné est construite sur une butte, qui est aussi une île. Nous y sommes arrivés avec les derniers rayons du soleil. La mosquée de Djennée est la plus grande construction en banco au monde, elle est inscrite au patrimoine de l’UNESCO. C’est dans le virage de la route principale qui mène à la place du marché qu’elle apparaît soudainement comme sortie de la terre dont elle garde la couleur et le soyeux.
La ville de Djenné est un surprenant mélange d’architectures marocaine et sahélienne. Autrefois, les briques de banco étaient cylindriques, depuis la colonisation, elles sont rectangulaires. Le banco traditionnel de Djenné est préparé à base d’argile, de beurre de karité et de son de riz. Aujourd’hui, il est très difficile pour les familles de se l’offrir. Le karité est devenue un produit de luxe consommé sur les marchés d’Occident comme produit cosmétique Des maisons tombent en ruine, et ne sont donc pas réparées.
Dans une cour de Djenné, la préparation du repas du midi
Les rues sont étroites, sinueuses. Le centre est un véritable labyrinthe qui m’a rappelé Marrakech. C’est une des villes qui comptent le plus d’écoles coraniques par habitant : en tout, il y en a une quarantaine. On voit, assis à même le sol, les petits talibés recopier sur leurs tablettes de bois, avec de l’encre à base de charbon et de gomme arabique des versets sacrés. Dans la pénombre d’une petite chambre, on distingue parfois un maître qui enseigne la sagesse du Coran et les Hadiths du Prophète.
*bozo : nom d’une ethnie vivant en Afrique de l’Ouest. Ce sont souvent des pêcheurs.
** banco : mélange de terre et d’autres matériaux qui sert à confectionner les briques