Je dois me faire faire trois photos, format passeport, pour la procédure d'obtention du visa pour le Bangladesh, pays dans lequel je dois me rendre d'ici trois semaines. Notre Santosh me dépose donc devant cette petite échoppe prés de chez nous qui ne doit pas dépasser les 4 m2.
Entre le moment où je suis entré et le moment où je suis sorti de l'échoppe, il ne s'est pas écoulé plus d'une minute ! Aussitôt arrivé, le photographe me demande ce que je veux, je lui explique, c'est rapide; il me fait asseoir sur le tabouret de service, relève le fond d'écran noir pour que le fond d'écran blanc apparaisse, saisit son appareil numérique, allume un projecteur, me fait mettre la tête dans un axe dont la verticalité m'échappe, appuie sur le déclencheur de son appareil et s'aperçoit que la pile de son flash est morte, d'un tour de main ouvre un tiroir puis le boitier de son flash, change la pile, vise à nouveau ma tête et prend le cliché. Puis il me tend un papier pour que j'écrive mon nom et me demande si cela ira pour demain.
Tout cela n'a duré qu'une minute ! Au pays qui intègre dans ses repères subconscients la durée d'un cycle de l'univers (environ 4 milliards d'années) voila qui tient du miracle. Mais ainsi en est-il de l'Inde de la rue, agile dans ses gestes répétitifs. Tous ne sont pas ainsi, mais ceux qui sont agiles le sont à la vitesse grand V.
Voila qui me fait penser à un visiteur du siège qui venant à Bombay s'aperçoit à son premier rendez-vous qu'il a oublié ses cartes de visites. De la banque nous appellons un imprimeur du coin qui vient aussitôt, prend la dernière carte de visite de notre distrait visiteur. Deux heures après il reviendra avec 100 cartes de visites parfaitement imprimées. Mais il facturera le service super express, soit 800 Rs (environ 12€).
Dans un pays où l'on n'aime pas prévoir et anticiper, l'improvisation est ici parfaitement organisée !