Sur les blogs on parle politique, bien sûr. Ou de vagues geekitudes. Et on ne rechigne pas à parler sport, pipole et de tous ces trucs qui font qu’on est bien modeux, éternellement connectés donc jeunes... A l’inverse, on rejettera ce qui est "fait divers", vous savez ce truc qui pue le Pernaud sur TF1…
Mais justement le fait divers c’est ce qui intéresse la foule, cette forme de proximité aves les désirs ou les angoisses de l’autre, l’égalité dans l’existence au-delà des conditions sociales. C’est une caricature, naturellement. Mais qu’on ne compte pas sur moi qui ne s’y intéresse guère pour mépriser le fait divers : il est la trame du roman ou du film donc à l’origine de toute fiction. Le fait qu’il soit dominant en particulier dans les médias de seconde zone, le revêt de cette charge symbolique que l’information politique ou « noble » ne contient pas toujours.
Bref le fait divers parvient à passer le filtre des censures diverses tant il paraît ici ou là neutralisé. Il n’en est rien : Le fait divers c’est le quotidien dans sa comédie ou sa tragédie et il arrive que lorsqu’il est tu, il dévoile les pouvoirs multiples de la censure.
Ainsi, ce fait divers qui eût fait scandale s’il n’avait eu d’autres acteurs… L’inverse de l’affaire DSK en quelque sorte.
Donc un fourgon de gendarmerie de retour du G8 heurte un groupe d’enfants qu’on devine « issus de l’immigration ». Un gosse tué, plusieurs d’entre eux dans un état désespéré, des blessés graves.
Imaginons Mohamed conducteur, responsable de cet accident : Hystérie journalistique, délinquance routière. Drogue. Insécurité. Vitesse. Délinquence. Condamnation médiatique.
Le procès est achevé avant même d'être instruit.
Mais ce n’est pas Mohamed, c’est un gendarme.
Alors l’information est feutrée, elle ne fait pas la une, elle est soigneusement caviardée entre d’autres nouvelles, elle devient fuyante: On parle d’une tache d’huile sur la route. Et puis non. Pas d’excès de vitesse. Rien. L’accident, comme par miracle sans cause, sans coupable.
Voila.
Juste un fait divers. De ceux qui sont fait pour faire écran. Dans tous les sens.