Un one-shot sobre, intelligent, mais pas prenant !
En invitant à suivre les pas d’un tisseur de tapis issu d’une communauté juive de l’Europe de l’Est au début du XXe siècle qui se rend en ville afin d’y vendre ses dernières réalisations, l’Américain James Sturm se penche intelligemment sur les méfaits de notre société de consommation.
Au fil des pages, le pauvre Mendleman va en effet découvrir que les mœurs sont en train de changer. La qualité du travail et le savoir-faire de l’artisan ne sont plus appréciés comme il se doit dans cette société à présent gouvernée par le prix et par les profits. Cette évolution du contexte socio-économique chamboule totalement la vie de ce tisseur fier de son art et habitué à livrer de la qualité à un prix honnête. Si les illusions de l’artiste s’envolent au fil des pages, l’homme est également en proie au doute, angoissé par sa future paternité et par cette nouvelle responsabilité qui vient peser sur ses épaules. Tiraillé par ses propres angoisses et abandonné par un monde qui ne sait plus apprécier son talent d’artiste, le pauvre Mendleman se laisse aller dans des pensées sombres qu’il partage par le biais d’une voix-off pessimiste et résignée. La colorisation terne et la sobriété du découpage accentuent encore un peu plus la rudesse de l’époque et la lenteur de ce récit contemplatif.
Si les nombreux niveaux de lecture démontrent toute l’intelligence de ce one-shot qui aborde une époque révolue tout en traitant un thème d’actualité, le rythme trop lent et l’intérêt limité envers la vie de ce tisseur juif m’ont empêché de pleinement apprécier la richesse indéniable de cette œuvre. Dommage !