En 2012, la gauche est au pouvoir mais...

Publié le 31 mai 2011 par Despasperdus

Au lieu de polémiquer en vain, je propose à la socialosphère, et aux autres, un petit scénario plausible de politique fiction :

« A l'issue de la cérémonie d'investiture, mardi 12 juin 2012 à l'Elysée, le/la président-e de la République issu-e de la gauche s'apprête à prononcer son 1er discours officiel qui doit porter sur le fameux « socle commun » de la gauche et sur les principes républicains...

Alors que le/la chef de l'Etat s'approche du micro, son conseiller spécial lui tend un communiqué de l'AFP : les agences de notation viennent de baisser sensiblement la note de la France.

A l'instar des autres pays européens, les marchés financiers exigent de la France, avec le soutien du FMI et de l'Union européenne, l'application des dogmes néo-libéraux : la France doit assainir ses finances, cesser de tricher avec sa dette, réduire le train de vie de l'État, privatiser et imposer la concurrence dans tous les secteurs d'activité. La Banque de France est contrainte d'emprunter à des taux usuriers...»

Quelle serait la décision de la présidence de gauche, issue du PS ? Se soumettre à TINA ou résister aux diktats de l'oligarchie ?

Ces quelques lignes nous semblent aussi réalistes que le scénario de #unité2012 qui prédit la présence du diable de confort de l'oligarchie au second tour.

En effet, il n'est pas invraisemblable, en réponse à une victoire de la gauche, que l'oligarchie mette la pression sur le nouveau pouvoir, comme elle le fit avec succès en Grèce où Papandreou avait été élu sur un programme ancré à gauche. Depuis la dégradation de la note grecque, le gouvernement du PASOK applique l'une des pires politiques de régression sociale en Europe.

N'oublions pas non plus que ces dernières semaines, Zapatero suit la ligne tracée par Papandreou en portant l'âge de départ de la retraite à 67 ans et en baissant de 10 % les pensions. Avant eux, les Blair et Schröder, sans même l'intervention du FMI et de l'UE, avaient également mené des politiques saluées par toute la droite.

Dans ces conditions, il serait trop facile de faire l'autruche en balayant d'un revers de main toute question relative à l'exercice du pouvoir par la social-démocratie dans les autres pays européens en affirmant que le PS français n'est pas le PASOK ni le PSOE ni le SPD ni le New Labour... Les partis précités appartiennent également au parti socialiste européen (PSE) !

D'ailleurs, c'est sous l'égide du PSE, et ce fut un argument fort du PS français, que toute la social-démocratie a défendu le même programme, le Manifesto lors de la dernière élection européenne. Depuis, nos députés socialistes européens ont voté pour le grand marché transatlantique, le contrôle budgétaire par une commission théodule de l'UE...

Mais revenons à notre scénario...

Gouverner c'est prévoir disait Pierre Mendès-France, très critique dès le traité de Rome, aussi serait-il irresponsable de ne pas se demander qu'elle serait la politique mise en œuvre par un-e président-e issu du parti socialiste si les agences de notation baissaient la note de la France.

Révolutionnaires de la socialosphère, puisque vous désirez parler programme, que ferait votre candidat unique, élu à la présidence de la République, si un tel scénario se produisait ?

Soumission ou résistance ?[1]

Notes

[1] La réponse figure dans le programme partagé du Front de gauche.