C'est une réelle surprise car d'une part, les modèrés et gens de gauche s'étaient habitués à la défaite et d'autre part, les candidat de Berlusconi étaient donnés favoris. Une surprise telle que Berlusconi, en visite officielle en Roumanie, n'a pu dire qu’il n’était «pas au courant des résultats» pour ne pas les commenter !
C'est à Milan, ville natale du Cavaliere où il a fait carrière dans le bâtiment, le football et la télévision, que le revers est le plus cinglant. Le président du Conseil avait radicalisé son discours sur les Roms et les musulmans à quelques jours du scrutin lombard pour éviter la défaite. Ces élections municipales partielles sont la plus lourde défaite politique de l'homme de droite. A Naples, son candidat ne recueille que 34,6% des suffrages malgré la présence de Berlusconi à ses côtés encore la semaine dernière et l’ancien juge Luigi De Magistris y gagne son siège avec près de 65% des votes. Et la gauche l’emporte aussi à Trieste, Novara ou encore à Cagliari.
Bien sûr, on réclame «la démission du gouvernement» mais Berlusconi dispose encore d’une majorité au Parlement et peut espérer tenir jusqu’à la fin de la législature, en 2013. En effet, après la défection, en décembre 2010, de Gianfranco Fini, le président de la Chambre des députés qui l'a traité d’«autocrate», ce dernier a sauvé sa majorité en débauchant quelques parlementaires au centre et à gauche.
Reste la Ligue du Nord tentée de redéfinir son alliance car lassée d'attendre une réforme de l’Etat. Ses militants ne supporteraient plus les attaques de Berlusconi contre les juges, ni l’absence de reprise économique et encore moins ses comportements personnels. Les échecs électoraux en pousserait une partie à vouloir abandonner la coalition et retourner dans l’opposition pour éviter le pire. A tel point que la Ligue tance Berlusconi à désigner son successeur sans quoi elle irait seule aux urnes !
A droite comme à gauche, on affirme que ces élections sont une vraie gifle. D'autant qu'entre Berlusconi et la patronne des patrons, Emma Marcegaglia, le courant ne passe plus, elle qui prône d'agir tout de suite car l'Italie serait à la peine en termes de compétitivité et de croissance, affirmant qu'elle aurait déjà perdu "une décennie" sachant que Berlusconi a gouverné huit ans.
Le mot d'ordre est général : «Soit le Cavaliere change tout, soit il faut changer le Cavaliere» admettait Giuliano Ferrara, directeur du quotidien Il Foglio et ancien porte-parole de Berlusconi. Berlusconi est attendu par les juges pour répondre de plusieurs affaires. La deuxième audience du procès Ruby devait s’ouvrir ce matin. Berlusconi se sortira-t-il encore cette fois de la nasse politico-juridique ?