Bouquins

Publié le 31 mai 2011 par Toulouseweb
De saines lectures, historiques, pour entretenir le souvenir.
S’il fallait tout lire, ce serait un emploi ŕ temps plein. Les éditeurs n’en finissent pas de dénicher de bons sujets, pas toujours inédits, et les auteurs se bousculent ŕ leur porte, pas toujours doués. Les obstacles étant franchis, le tri opéré, les ouvrages qui sortent de presse sont souvent de qualité. Cette fois-ci, parce que nous méritons tous un moment de détente en marge d’une actualité sévčre, nous avons retenu des écrits historiques.
** Mémoires d’un pilote d’essai, par Robert Galan, Editions Privat. Venu tardivement ŕ l’écriture, Robert Galan publie avec une régularité de métronome. Le sous-titre de son nouvel opus est explicite : Ťj’ai tout essayéť, c’est-ŕ-dire 180 types d’avions différents ŕ bord desquels il a accumulé 18.000 heures de vol, ce qui est considérable, męme en comptant le temps passé aux commandes de DC-10 d’UTA. Comme il n’était pas question d’établir un simple inventaire, Galan a procédé par thčmes, les uns civils, les autres militaires, avec une plume didactique et les petits croquis trčs précis qui sont sa marque de fabrique. C’est clair et net, bien fait.
**Encore Ader, vu par un admirateur. C’est ce qu’il est convenu d’appeler un livre de niche : ŤClément Ader en Lauragais, terre d’essais aéronautiquesť, un récit dű ŕ un nouveau venu ŕ la vocation tardive, Lucien Aričs. Ce livre est édité par l’ARBRE, Association de recherches baziégeoises, dont le credo est Ťracines et environnementť. Nous voici avec Ader ŕ Castelnaudary, dans son atelier de l’usine de céramique Douarche et sur les coteaux de Villeneuve-la-Comptal. Ce qui permet de découvrir Bacquier, bras droit d’Ader et, dit l’auteur, les lieux et les méthodes du pionnier. Pourquoi pas ?
**Bases aériennes. Autant l’avouer d’entrée, nous ignorions l’existence de la revue ŤPour Mémoireť publiée par le ministčre chargé des transports. Dans le dernier numéro paru, un fort dossier est consacré aux plates-formes aériennes françaises de 1890 ŕ 2000. Le premier de ces textes étudie les aérodromes ŕ proprement parler, thčme confié ŕ un orfčvre en la matičre, Robert Espérou, inspecteur général honoraire de l’Aviation civile et historien reconnu. Le récit qu’il nous livre est instructif, nous conduisant du parc d’aviation Blériot ŕ l’Ajaccio Campo Dell’Oro contemporain. C’est l’histoire du transport aérien revisitée ŕ travers ses pistes et ses aérogares, une innovation (Conseil général de l’environnement et du développement durable, comité d’histoire, Tour Pascal B, 92055 La Défense cedex).
** Ailes Ťadministrativesť. Dans la męme veine parait chez Bleu Ciel Editions un ouvrage tout aussi utile, ŤLes Ailes d’une administration, le groupement aérien du SGACC, 1945-1973ť. Le titre est long mais il dit tout, d’autant que les auteurs, Vital Ferry et Pierre Lauroua, connaissent leur sujet. Aux plus jeunes, il convient de dire que le sigle SGACC est celui de secrétariat général ŕ l’Aviation civile et commerciale, prédécesseur de la DGAC, créé en décembre 1945 et confié ŕ Max Hymans. Quelle saga ! On la revit d’autant mieux que l’iconographie est riche et inédite pour une bonne part. Le livre regorge de Ju-52 et de DC-3, de Goéland et de SO-30P, de DC-4 et de Caravelle. C’est un document de grande valeur pour les historiens.
** En Algérie. Autre sujet pointu, ŤL’Aviation légčre de l’armée de Terre en Algérie 1954-1962ť, chez Lavauzelle. Il s’agit d’un travail collectif d’anciens de l’ALAT, coordonné par Pierre Dufour. Ce livre de témoignages donne la parole aux hommes en męme temps qu’il fait défiler Djinn et Alouette II, P-47 et Mistral, ou encore les H-19, H-34, H-21 et Broussard. Ici, ce ne sont plus des illustrations extraites de catalogues d’industriels mais la vraie vie opérationnelle, au coeur d’un conflit difficile.
** Les as. Ils reviennent encore et encore grâce aux Editions Altipresse. En lisant ŤJ’ai eu 9 viesť, on comprend pourquoi Neil Williams est encore dans les mémoires, longtemps aprčs sa disparition. Issu de la Royal Air Force, ŕ l’époque des Meteor et Vampire, il avait rejoint la célčbre Empire Test Pilots School et, plus tard, fut un pilote de voltige de talent. Puis il choisit tardivement l’industrie, entra chez Handley-Page pour suivre un petit bimoteur régional aujourd’hui oublié, le Jetstream. L’édition originale de la biographie de Neil Williams a été publiée en 1977 et a attendu trčs longtemps cette traduction.
Antony Angrand, pour sa part, poursuit une œuvre de longue haleine : il sort le troisičme tome d’une série intitulée As de légende. Il s’agit d’as de guerre mais le dernier chapitre n’en est pas moins consacré au mythique Chuck Yeager et ŕ l’aventure du Bell X-1. A noter, dans un cas comme dans l’autre, les couvertures trčs réussies de Bastien Otelli.
Pierre Sparaco - AeroMorning