Station-Service Total (CC, Lionel Allorge)
L’absence en France de connaissance de base du fonctionnement de l’économie de marché permet au gouvernement d’aligner âneries sur âneries. Dernière cible en date, la baisse jugée insuffisante des prix de l’essence à la pompe. Christine Lagarde et Frédéric Lefèvre ont ainsi menacé les pétroliers de « décisions presque autoritaires » si les prix ne baissaient pas comme ils le souhaitaient. Las, l’étude des chiffres montre une nouvelle fois la bêtise de nos Don Quichottes gouvernementaux.
Du 2 au 13 mai, le prix du baril est passé de 125,85 $ à 114,65 $ à Londres, alors que les prix du sans plomb 95 ne baissaient pas à la pompe, et ceux du gazole de 3 à 4 centimes sur la même période. Des chiffres suffisants pour inciter la ministre de l’économie à partir à la chasse aux pétroliers, une mission hautement risquée sur le plan politique bien sûr…
Cependant, l’analyse de la situation vient mettre à mal une nouvelle fois le discours facile du ministre. Si les prix ne baissent pas, c’est qu’ils ont moins monté qu’ils auraient dû, en avril et début mai. Pour entraver la hausse des cours, les pétroliers ont rogné sur leur marge. Maintenant que les cours rebaissent, ils reconstituent leurs marges, d’où un délai dans la baisse. «Lorsque les prix à la pompe dépassent 1,50 euro le litre, les opérateurs ont tendance à amortir l’impact pour le client en prenant sur eux», explique Jean-Louis Schilansky, le président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP), dans le Figaro.
Une analyse semblable à celle faite dans un rapport du ministère de l’économie: 50% de la baisse a été absorbée par une évolution défavorable du taux de change euro dollar, le reste s’expliquant par la reconstitution des marges : « à l’échelle d’une douzaine de jours, le potentiel de baisse n’a pas ou peu été répercuté sur le SP95-E10, dont les marges sont cependant déjà basses ; ce dernier point est susceptible de s’expliquer par le souci des distributeurs de tenir compte des niveaux records des prix ».
Au lieux de chercher des boucs émissaires faciles et d’accuser à tort et à travers, Christine Lagarde et Frédéric Lefèvre devraient se concentrer sur l’essentiel : l’essence à la pompe, c’est deux tiers de taxes. Et si on les baissait enfin ?